A ma droite, Derek Jarman, cinéaste anglais, pilier d’une certaine contre-culture homosexuelle et passionné, vers la fin de sa vie (Jarman est en effet décédé en 1994), d’horticulture, ayant laissé à la postérité un célèbre jardin que bon nombre d’anglais visitent encore aujourd’hui comme on se rend à un musée. Avant Scanner, Derek Jarman a souvent inspiré nombre de groupes underground dont, notamment, Throbbing Gristle ou Coil.
A ma gauche, Robin Rimbaud, alias Scanner, pionnier de la culture électronique et technologique (et non pas techno !) qui, après avoir fait ses armes musicales dans le sillage du mythique groupe Test Department, s’est taillé une réputation amplement méritée en posant les bases, au fil de ses albums, d’un univers personnel unique et captivant. Initialement, la marque de fabrique de Robin Rimbaud réside dans l’utilisation d’un scanner au moyen duquel il pirate des conversations téléphoniques qu’il utilise comme matière première sonore pour, au gré de bidouillages électroniques, emmener l’auditeur dans les méandres apaisants de paysages sonores hypnotiques, éveillant en chacun un goût pour le voyeurisme d’ordinaire inconscient. Il faut croire que la recette a fait mouche au-delà de toutes ses espérances puisque les propositions de collaborations affluent. Ainsi, Robin Rimbaud a refusé de remixer des titres de Madonna mais produira prochainement l’album de Brian Ferry.
Flâneur électronique devant l’éternel, Scanner définit lui-même en ces termes l’hommage qu’il a souhaité rendre à son ami Derek Jarman : « Par l’utilisation d’enregistrements effectués dans les lieux où Jarman a vécu (bruit de la mer au bas de la falaise bordant son cottage, bourdonnement urbain autour de son appartement londonien,…), j’ai essayé de créer un portrait sonore fluide et respectueux, une sorte de paysage résonnant qui transparaît jusque dans l’utilisation de la voix de Derek. Ce disque est en quelque sorte une succession de polaroïds sonores… ». Eblouissant et solennel !
Olivier Lebeau