Le mot est, on s’en sera rendu compte, très à la mode. Et pourtant, l’idée du remix n’en est pas, pour autant, une notion galvaudée et morte. Passés à la moulinette de musiciens électronicistes -dénommés dans le désordre DJs, remixeurs ou même reconstructeurs-, les morceaux des groupes rock du moment n’en sont pas nécessairement magnifiés. Au pis, on a droit à un amortissement de la machine capitalistique, qui donne sa matière à recycler en une autre matière à la même fonction. Bref, n’appelons pas l’album remix de Björk, un tour de force. Pas plus d’ailleurs, que ce qu’ont pu faire, dans un élan d’avidité, nombre de remixeurs les plus en vue actuellement, pour des commandes de groupes post-rock et electro.
Mais, au mieux, la redécouverte de morceaux, via l’intervention de remixeurs intelligents, apporte parfois une nouvelle matière sonore passionnante. La base musicale proposée par Ulan Bator, avec son troisième album, Végétale, laissait augurer le meilleur. Le choix des intervenants annonçait lui aussi la couleur. Le casting en dit long, et on retrouve, sur ce maxi, toute l’intelligentsia electronica du moment. Carl Stone, tout d’abord, destructeur acharné, nous sert une récréation musicale ludique. S’ensuit Otomo Yoshihide, leader et fondateur du groupe jazzcore Ground Zero. C’est une rare occasion, pour le public mainstream électronique français, de découvrir le travail intense et radical d’un musicien qui a fait de la notion du « sampling virus » sa doctrine et son idéal musical. Scanner, enfin, se fend d’un remix élégant et racé, qui n’oublie pas plus les rythmes et la mélodie.
Partenaires d’un soir des trois musiciens, tous les invités de ce maxi revisitent avec intelligence l’univers industriel et tendu du groupe français. L’aspect polyphonique et vinylique de l’exercice de style n’empêche pourtant aucunement une cohérence entre les cinq compositions. Un hommage électronique qui dé-fixe le matériau musical d’un Ulan Bator en pleine mutation.