Sobrement intitulée « aventure interactive », L’Univers de Bach joue sans aucun doute la carte de la nostalgie. On y retrouve avec joie les éléments qui ont fait le succès des premières expériences dites multimédia. Une petite musique genre « château de Versailles » accueille toujours le visiteur, un effet de fondu offrant l’accès à un menu austère en mode texte. Seule concession à la mode cyber : un bleu électrique du plus bel effet introduit maintenant les habituelles rubriques destinées à un monument de l’histoire de la musique. Bref, la présence du génie allemand sert une fois de plus de prétexte aux concepteurs pour n’apporter aucune modification à une interface de navigation éculée et préhistorique.
L’exploration des différents articles confirme cette désagréable impression de superficialité latente du propos. La présentation historique à deux sous diffuse à coups de cartes et de voix off lancinante le strict minimum syndical nécessaire à la boulimie culturelle de l’utilisateur. La mise en contexte est à peine esquissée et ce ne sont pas les quelques textes d’accompagnement qui viendront rattraper l’ensemble. L’accès à la connaissance du grand compositeur s’avère encore plus limitée. Non content de se restreindre aux œuvres majeures massivement diffusées dans les pubs pour yaourts et lessives, L’Univers de Bach diffuse ces parties d’orgue ou de clavecin à grand renfort de généreux effets de souffle et d’une qualité sonore générale particulièrement mauvaise. Au bout du compte, l’impression d’écouter une de ses fameuses bandes pirates enregistrées amoureusement sur le premier magnétophone à cassette risque d’énerver rapidement l’utilisateur. Et quand les extraits charcutés s’accompagnent de courts commentaires au ras des pâquerettes qui tentent de mettre en valeur tant bien que mal la profondeur de J.S. Bach, on n’est pas loin de l’éclat de rire général.
Le comble est malheureusement à venir : la présence inopinée de jeux niais regroupés sous le vocable truculent « Play Bach ». De quoi achever définitivement un titre dont l’intérêt est aussi nul que sa navigation absconse et peu pratique.