Money Mark, alias Mark Ramos-Nishita, est tout simplement le clavier attitré des Beastie Boys -dont on attend d’ailleurs de pied ferme le nouvel album pour début juillet- et Push the button est son deuxième album solo, toujours sur le même label, Mo’ Wax. Cela peut paraître étonnant dans la mesure où la musique créée par le bonhomme ne correspond pas vraiment aux critères en vigueur sur le label londonien hyper-hype. Et bien justement, c’est parce que Money Mark est hype -sans le chercher- qu’il se retrouve sur Mo’ Wax, et aussi parce qu’il entretient de bonnes relations avec Brian Lavelle, boss du label, qui est au départ un énorme fans de hip hop et des Beastie Boys.
Car il faut se rendre à l’évidence : sur Push the button, la part belle est faite aux mélodies simples et un rien mélancoliques, qui rappellent Ben Folds Five ou Ben Lee (tiens, tiens, un protégé des Beastie signé sur leur label Grand Royal). Si vous cherchez force bidouillages et ryhtmiques certifiées breakbeat ou jungle, passez votre chemin. Si par contre vous avez l’oreille ouverte et tolérante -comme on l’espère un peu à Chronic’art à force de défendre depuis des mois la qualité musicale, la sincérité et la curiosité plutôt que le convenu, le réchauffé, le marketé/emballé c’est pesé- alors vous serez ravis.
En effet, non content d’être un polyinstrumentiste confirmé (bon, faut pas déconner non plus, il s’entoure bien aussi) et un producteur avisé, Money Mark s’offre des disques comme on s’offre des vacances, avec ce qu’il faut de bonnes idées au départ, mais également en s’autorisant des digressions bienvenues, des escapades imprévues dans tous les styles, des changements d’itinéraire aussi impromptus qu’opportuns.
Vous allez donc me dire : c’est album est un foutoir, une collec’ hétéroclite de sons sans queue ni tête, un merdier finalement énervant. Et bien pas du tout. D’abord parce que Money Mark est un compositeur doué, ensuite parce qu’il sait avoir de l’humour, prendre ses distances par rapport à sa propre musique (n’oublions pas non plus sa mémorable parodie du triste sire Kravitz sur son premier album). Il faut donc pour l’auditeur assumer ces options et prendre les morceaux comme ils viennent (Poor shakes, Tomorrow will be like today, I don’t play piano, Maybe I’m dead, Bossa nova, Underneath it all, Trust, Crows…) afin de savourer son plaisir : dans cette optique-là, Push the button s’impose comme une bande-son idéale pour annoncer l’été (et pourquoi pas, le traverser).