Les trois dernières minutes de The Assignment sont et resteront l’une des séquences les plus démentielles de toute l’histoire du jeu vidéo. En mettant en scène une réminiscence hallucinante de la scène où Blanche Neige traverse la forêt dans le classique de Disney, Shinji Mikami enfonce le clou et signe définitivement un chef d’oeuvre absolu du jeu horrifique.
DLC conçu comme un point de vue complémentaire sur l’histoire de The Evil Within via le personnage de Juli Kidman, The Assignment suit les enseignements d’Alien Isolation pour joueur la carte du survival radical. Pas d’armes -à peine parfois une hache à usage unique-, mais une lampe torche pour jouer à cache-cache avec les ennemis dans la pénombre. Tout le jeu consiste ainsi dans des stratégies d’évitement et de frôlement, d’étude des patterns ou de diversion, pour se frayer un chemin au travers d’un environnement où les jeux de lumières sont 1. d’une subtilité folle, 2. un élément de gameplay à part entière. Déclinée partout, la mécanique s’étend jusqu’aux boss, obligeant sans cesse à jouer avec le décor pour trouver la bonne tactique ou timing.
Redoutable d’efficacité car amplifié par une caméra au plus près d’un personnage sur lequel on peut lire la peur (lors du final cette caméra ose un mouvement inédit et sidérant : un authentique travelling latéral), The Assignment est conçu comme une variation de son concept initial avec pour but d’en revenir à l’essence du genre. Si le jeu reprend la structure à tiroirs mnésiques de The Evil Within, il renvoie ainsi à des fondements du cinéma d’horreur, et rend jouable des séquences droites sorties de Massacre à la tronçonneuse – avec encore ce même grain sur l’image qui semble faire transpirer chaque plan de crasse et de sang. Divisé en deux parties, ce premier épisode annexe de The Evil Within rappelle que si Mikami est un vilain copieur, il confirme surtout que la copie surpasse toujours l’original.