Dans le genre comédie fantastique lourdingue, voici un film qui repousse des limites que l’on jugeait déjà un peu trop élastiques pour le goût européen. Après le consternant Première sortie de cet été (où Brandon Fraser sortait d’un abri anti-atomique après trente ans de vie souterraine), Little Nicky reprend le bon vieux schéma de l’hurluberlu venu d’ailleurs.
Seule originalité : Nicky, alias Adam Sandler, est un ressortissant des enfers. Ce qui nous vaut une longue séquence d’exposition : bêtes à cornes et à poil, satyres lubriques, flammes, tout y passe dans ce tableau soi-disant comique, où le réalisateur espère nous faire rire avec les poncifs les plus éculés et des gags de bas étage. Le diable (Harvey Keitel, égaré et peu convaincant) règne sur l’enfer grâce à des supplices scato, comme par exemple choisir chaque jour un ananas bien mûr pour le planter dans le cul de Hitler, attifé en soubrette pour l’occasion… On rencontre enfin Nicky, ado débile, fan de heavy metal à la gueule défaite par un vilain coup de pelle reçu de son frère Cassius, un grand Noir dont les yeux lancent des flammes. Ce dernier, avec Adrien, le troisième de la famille, décide de se rebeller contre leur despote de père. Ils partent tous deux sur terre, et bloquent l’accès aux enfers. Conséquence (logique) : le roi des ténèbres dépérit et rétrécit comme une peau de chagrin faute de chair fraîche. Nicky part donc à la recherche des renégats pour sauver son père.
Son itinéraire sur terre est une longue et pénible énumération de gags débiles, de grimaces ratées et de répliques affligeantes. On y fait tout de même quelques rencontres amusantes puisque l’on croise, pêle-mêle, un bouledogue qui parle, Patricia Arquette en binoclarde sentimentale, Ozzy Osbourne et même… Quentin Tarantino. Cela n’empêche pas ce scénario loufoque et ces dialogues pas drôles du tout de nous taper sur le système. Le rictus d’Adam Sandler, insupportable, et les effets spéciaux (à base de tours de tête à 180 degrés et de contorsions transformistes) font difficilement sourire. Les séquences s’enchaînent avec le rythme heurté des mauvaises sitcoms, dans une ambiance potache d’après-midi passés à boire de la Budweiser. Le tout agrémenté d’une B.O. vraiment trop « heavy » : sons de guitares graisseux et gros riffs qui tachent. Beurk.