Neuf mois pile poil après The Three EP’s, compilation de leurs trois succulents premiers singles, les Beta Band ont achevé leur gestation -dans les temps donc-, livrant leur véritable premier album, The Beta Band -z’avez peur qu’on vous oublie, les gars ?
Ça commence comme à la fête foraine, avec force sifflets et bruits évoquant la chose festive, et ça tombe plutôt bien, puisque l’album traduit un peu tous les états lesquels on peut passer dans une fête. Au début, suite du premier morceau, The Beta Band rap -z’avez peur, etc.-, on tchatche sur fond de guitare rockab’, façon petits coqs dégourdis. Mais dès It’s not too beautiful, c’est comme si les Pink Floyd avaient sauté dans les frusques des Stone Roses, les laissant nus et morveux, et étaient aller se mater un des épisodes de Star Wars. Là, c’est plutôt : « Y a-t-il un problème de drogue ? » « Non, non, tout le monde est servi. » Comprenez, une grande fresque épique en samplocolor, avec la bouche pâteuse à souhait. Combien de cônes ? Trois, quatre, cinq, plus ? Bien sûr.
Alors, après, la batterie sautille, les effets micros tombent comme une perruque dans la soupe, et les Beach Boys s’en prennent une –Round the bend. Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas se lancer dans un proto-funk tropical en pleine crise d’arythmie –Dance O’er the border. Les « textes » valent aussi leur pesant de cahouettes : « Tonight I stay home on the phone / Talking to the persons unknown ». Et encore, c’est du super soft. C’est ça un album des Beta Band, un foutoir de génie où justement un bon génie n’y retrouverait pas ses petits.
On les taxera donc d’avoir trop de morgue, et la tête pas assez bien faite. Tant pis, chez eux, c’est à prendre ou à laisser, et si vous ne voulez pas vous amuser avec eux autour d’un bon feu sur la plage –Broken up a ding dong– en tapant au hasard sur une grosse caisse, en soufflant dans une trompette percée ou en bavant sur un harmonica, c’est votre affaire. L’amitié est à ce prix, au bord du coma –The Hard one, n’oubliez pas le « e », ça fait cake !- et surtout pas si vous êtes fan de Bonnie Tyler : cette dernière a fait empêcher par sa maison de disques les Beta Band d’utiliser un sample de Total Eclipse of the heart sur l’ultime titre de l’album, The Cow’s wrong. En conséquence de quoi, il est purement et simplement zappé. Elle a vraiment tort, la grosse vache !