Ce quatrième album des Roots nous ramène vers des basiques dont ils s’étaient peu à peu écarté. On trouve de nombreux titres qui sont du pur hip hop, assez straight. Bien sûr, pas question de mettre de côté leur humour légendaire, leurs influences funk/soul et leurs joutes verbales croisées. Ce qui est étonnant d’ailleurs, c’est que leur album rencontrera certainement un très bon accueil commercial.
Pourtant, ici, le hip hop n’est pas galvaudé. Le premier single, You got me, une fort jolie petite chose groovy et mélancolique concoctée à l’aide des vocaux très sweety d’Erykah Badu -quel grain de voix, quand même-, n’est pas vraiment représentatif de l’album. Table of contents (parts 1 & 2), The next movement ou Ain’t sayin’ nothin’ new le sont plus. Du Roots de grande classe, claquant sec sans pour autant renier le groove. Jamais l’aspect « musical » n’est laissé au second plan, ce qui a depuis longtemps conduit pas mal de gens à penser -avec raison- que les Roots, live, sont imparables.
On note avec plaisir un net retour en grâce des scratches, vraiment précis et pertinents. Et il y a des morceaux destinés à devenir quais instantanément des classiques, comme Dynamite !. Là où peut-être les Fugees n’ont pas su la jouer assez en finesse, accédant à un succès populaire planétaire mais perdant tout ou presque de leur street credibility, les Roots passent haut la main. Ici, les rythmiques bêta et les harmonies vocales faciles n’ont pas droit de cité ; et si la production reste, à l’image de celle de leur dernier opus, nettement plus sophistiquée que par le passé, il n’est pas question de lisser les aspérités naturelles d’une musique produite par un collectif désormais bien rodé, mais pas érodé.