L’an dernier, Either/Or avait tellement marqué les esprits qu’on se demandait bien quelle suite pourrait donner ce prodige d’Elliott Smith à un album aussi remarquable. Nous voilà fixés avec XO, nouvelle pièce magistrale apportée à une discographie que l’on peut, sans nuance, qualifier d’essentielle. Il se dégage de cet album une indéniable fraîcheur et surtout quelques splendeurs mélodiques dignes des Kinks (dont l’influence se fait sentir sur l’excellent Baby Britain) ou des Beatles (prenons encore pour preuve I didn’t understand, morceau dont le dépouillement laisse sans voix -l’auditeur, s’entend). Soutenu par de meilleurs arrangements (Elliott Smith a signé il y a peu sur le label des puissants Steven Spielberg et David Geffen sans rien trahir de la spontanéité qui l’a fait remarqué), XO s’est également étoffé -grâce au renfort d’orgue, de flûte, et d’une rythmique plus dynamique -de sonorités auxquelles on décernera un prix d’excellence. Sans remiser au placard sa soyeuse guitare six cordes, Elliott Smith joue donc dorénavant dans un registre plus vaste. Ceci dit, sa voix se fait toujours aussi délicate sur les parties de piano (Waltz #2 XO) et demeure de bout en bout d’un naturel confondant (Bled white), sans jamais forcer la note. Lorsqu’il n’est pas sur la route pour donner des concerts, Elliott Smith vit retiré à Brooklyn pour composer. Loin d’avoir épuisé la richesse de ce disque, nous sommes déjà prêts à accueillir le nouvel opus de ce prolifique et talentueux songwriter.
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