Toujours à l’affût de ce que le monde du rock compte de plus représentatif, Wim Wenders déploie de nouveau les grands moyens pour la bande-son de The End of violence (le film). Ry Cooder ouvre le bal avec un titre blues-jazz tout en guitare coulée ; dans la foulée, Spain livre un émouvant Every Time I Try, avant que DJ Shadow n’enfonce le clou avec un Heavy Beat ambient-free-jazz à donner le tournis. S’ensuit la réconciliation entre Bono et Sinead O’Connor sur le trip-hop sucré I’m not your baby, l’indémodable Tom Waits sur un tango délétère (Little drop of poison), puis une association ayant déjà fait ses preuves : Michael Stipe et Vic Chesnutt en combo country pour ce qui restera comme le morceau le plus écorché vif de l’album, Injured bird. Je pourrais également vous parler de la réussite de Eels avec l’oppressant Bad news ou du superbe You may feel me crying de Roy Orbison, mais il n’en sera rien. Car, vous l’avez compris, ce disque frôle la perfection.
Comme toujours chez l’ami allemand, la musique sert de voix off au film. Les textes ont donc leur importance, dans la mesure où ils constituent un commentaire précis des situations se trouvant à l’écran. Aussi, n’est-il pas improbable que l’auditeur soit privilégié par rapport au spectateur qui, se rendant dans les salles obscures, assistera (la rubrique cinéma du mois précédent nous renseigne sur la question) à une leçon d’ennui. Le premier, réfugié chez lui, pourra visiter quand lui plaît cette musique d’une tristesse insondable, mais où justement l’ennui n’est jamais présent.