Victor Goupille, ex-journaliste doté d’un bon coup de crayon, gagne sa vie comme faussaire. Sa spécialité : les faux manuscrits autographes, notamment les lettres d’écrivains qu’il refourgue à un expert pas trop regardant, pour que ce dernier les mette aux enchères. L’histoire commence quand, dans le cahier des annonces d’un journal (qu’on suppose être Libé), il tombe sur le texte d’une certaine Camille, qui cherche à revoir un homme croisé quelques jours plus tôt. Et s’il jouait à devenir cet homme ? Il décide de se faire passer pour son homologue, répond, et se voit proposer un rendez-vous. Pendant ce temps, côté fausses lettres, la police a reniflé l’embrouille…
Morceaux de satire, histoire d’amour, comédie, il y a de tout dans ce petit roman de Philippe Cohen-Grillet (Haut et court, au Dilettante, voici deux ans), foutraque et un peu bâclé sur les bords. L’humour n’est pas toujours léger (« L’effet est tombé à plat comme un œuf du même nom sur la galette complète d’une crêperie bretonne »), le rythme est parfois pataud ; il n’empêche qu’un charme se dégage de ce livre érudit et négligé, à cause de vannes réussies (pastiche de Sollers : « – On baise ? – On baise »), d’une bonne humeur déconcertante et des références derrière lesquelles s’abrite l’auteur (le narrateur croise Matzneff à l’aéroport). Sympathique, au bout du compte.