Deux gamins, retour d’une course pour leur mère, sont tombés au fond d’un puits, en forêt. Ce puits a sept mètres de profondeur, ses parois sont en terre humide, pleine de racines. Au fond s’écoule une eau sombre. Ils tentent de grimper aux parois, échouent ; ils crient, en vain. Le temps passe. Le plus âgé veille sur l’autre. Ils se nourrissent d’herbes, boivent de l’eau croupie. Il y a bien le pain qu’ils ont acheté, dans le sac ; mais ce pain est pour leur mère, ils s’interdisent d’y toucher… De jour en jour, le Petit devient plus faible. Que faire ?
Premier roman d’Ivan Repila, pubard espagnol né en 1978, Le Puits rappelle un peu, pour son côté fable, son atmosphère de huis-clos et son décor allégorique, La Corde de l’allemand Stefan aus dem Siepen, paru au début de cette année. Dans les deux cas, même structure : une situation de départ (le bout d’une corde apparu en lisière de forêt chez Siepen, l’enfermement dans le puits chez Repila), une foule de questions laissées sans réponses (comment sont-ils tombés là-dedans) et une tension croissante exercée sur cet humble fil, pour en tirer les conséquences.
Zoé Valdès s’enthousiasme dans sa préface pour ce petit roman (presque une longue nouvelle, en fait) auquel elle prédit une place à côté de Jules Verne, Alain-Fournier et Saint-Exupéry. Ce n’est pas impossible, mais c’est un peu optimiste ; il manque à ce récit appliqué, par ailleurs recommandable, la distance et la magie qui lui donneraient sa vraie dimension, ainsi qu’un biais pour empêcher la répétitivité inhérente au scénario (difficile de ne pas tourner en rond quand tout se passe dans cinq mètres carrés sous terre). Un coup d’essai qui vaut qu’on y jette un œil, malgré tout.