Après quelques CDRs remarqués, le très beau et psyché-dub 936 (sur Weird World/ Not Not Fun en 2011) et le plus pop et inégal Lucifer en 2012 (sur Weird World / Mexican Summer), le duo angelino composé de Aaron Coyes et Indra Dunis revient (sur Domino, attention, upgrade) avec un Cosmic Lights de toute beauté, qui fait encore évoluer l’identité du groupe vers une pop moderne, synthétique, hypnotique, lorgnant vers la Casio-music de Heatsick ou une acid-house plus MIDI qu’analogique, sur laquelle s’est greffée la voix sous-mixée et joueuse de Indra Dunis, en chansons espiègles, psychédéliques, grouillantes de détails… assez « cosmiques », en effet. Car si le synthétiseur permet bien d’explorer (de synthétiser) toutes les nuances du spectre sonore, de micro-tonalités en glissandi spatio-temporels, il est ici exploité de manière pointilliste et précise, où chaque élément et chaque fréquence est savamment posée, laissant l’espace chantant entre chaque note pour clarté, distinction et cohérence de l’ensemble. Ajoutons des mélodies ondulantes, polyphonies emportant dans la danse et percussions fourmillantes, et on obtient un joli produit de l’époque, du home-studio et du mélange des genres réussi : digi-dub, italo-disco, house, afrobeat, Zamrock, voire une pincée de hip-hop West Coast rendent l’objet tout à fait non identifié, « fucked modern pop », comme le suggère Aaron Coyes.
Enregistrés par le duo dans son studio de L.A., les sons utilisés sur ce lumineux Cosmic Logic ont été créés par Coyes lui-même, adepte du circuit bending , d’où les particularismes sonores assez inouïs et leur assemblage inédit. L’enregistrement a été complété avec l’aide de Matt Thorney (DFA, LCD Soundsystem) au studio C’mpny de L.A., et selon la bio fournie par le label, Cosmic Logic contient « une chanson-hommage (Infinite trips) à celle qui ouvre le premier album des Flying Lizards (Der song von Mandelay), et une réinterprétation à la manière des Carpenters réinterprétant eux-même les prog-rockers de Klaatu (le groove interplanétaire de Telephone Call, mon morceau préféré, si je puis me permettre), manière de dire l’érudition du duo et son goût pour les chemins de traverse et les mariages inattendus. Il contient surtout beaucoup de surprises et quelques vrais voyages dans l’espace, aussi lointain qu’intérieur. Ignition.