D’aucuns écriront sûrement avec ironie que le premier album solo de Guy Chadwick porte son nom à merveille, surtout le qualificatif « Lazy », mais tournez-vous seulement vers les premiers efforts de House of Love et rendez-vous à l’évidence : vous retrouverez cette nonchalance, cette indolence et cette douceur encore présentes ici après ce long passage à vide. Chadwick revient sur ces années de silence avec une douleur non feinte. « Je n’étais plus que l’épave d’une boule de nerfs ». Il se livre ici à un constat amer mais non dénué d’optimisme. Il nous parle à la première personne tout en s’adressant directement à celle qui a la « main mise » sur lui (You’ve really got a hold on me) même si ses yeux lui paraissent toujours plus « tristes, fous et rares » (Crystal love song). Il demeure sans cesse dans la crainte de la « perdre au milieu des ombres hypocrites des menteurs » (Crystal love song).
Déjà, Ils marchent « dans les ombres et les secrets de ses pensées » (Close your eyes). Quant à nous, nous ne cacherons pas notre joie de voir réapparaître ce grand songwriter qui nous transportait déjà dans le plaisir à chaque audition de joyaux comme Shine on, Loneliness in a gun, Hope, Man to chid love in a car, The Beatles and the Stones ou Someone’s got to love you. Sorti du carcan sans doute trop étroit d’un groupe pour ses chansons, l’art de Guy Chadwick gagne sur ce Lazy, soft & slow quelques claviers, un peu de violon et d’accordéon, le tout sous l’oreille attentive de Robin Guthrie des Cocteau Twins dont le travail peut rapeller à certains moments la Suzanne Vega sous Mitchell Froom. Chadwick gagne ainsi en douceur et en apaisement ce qu’il perd en rudesse brute sauf sur la seconde plage. Toujours est-il que nous vous recommandons chaudement cette agréable musique en attendant le concert du 30 avril prochain au Café de la Danse.