Sorti aussi sur le label new-yorkais Wordsound, le premier album solo de Prince Paul (membre des légendaires Stetsasonic, producteur de De La Soul et du dernier Gravediggaz) est un véritable manifeste pour un hip-hop inventif et décalé. Présenté comme un concept-album (une séance de psychanalyse) et loin d’avoir les lourdeurs inhérentes au genre, Psychoanalysis est truffé d’idées et gavé d’humour.
Ca commence avec un suave Beautiful night (It’s a beautiful night for a homicide), ça enchaîne avec un explicite Why you must hate me, ça continue avec un sensuel Open your mouth (I’m gonna put something nice into it) et tout est comme ça. Prince Paul y a mis toutes ses obsessions (il remercie Wordsound de lui avoir permis d’enregistrer le disque le plus malade) et tout son talent : on ne s’ennuie jamais (à condition d’aimer le bizarre). Arrangements easy-listening (Drinks), rythmes toujours changeants, samples pertinents (Troma entertainment) et jazzy (pas étonnant puisque c’était déjà le credo des Stesasonic, voir leur célèbre Talkin’ all that jazz), sans compter une pochette géniale et les collaborations qui conviennent (Automator, Nakamura). Un titre (Booty clap) en guise de clin d’oeil au Miami Bass, un autre à la vieille école (Dime pieces), la palme revenant au terrible Outroduction to diagnosis psychosis, tout de dramatisme entêtant et intense. Beaucoup de piano, de voix triturées, d’ambiances tordues et tendues, bref un album génial, délirant (comme rarement dans le rap, ce qui était le but) et fiévreux. Du rap sur le divan ? Oui, et par la même occasion : Another satisfied customer !