Qu’il y a t-il derrière la fenêtre de Trashmonk ? D’un côté, comme vous pouvez le voir sur la pochette, une rue sombre, sans doute pluvieuse ; de l’autre, une chambre avec vue. Vue sur une histoire personnelle et musicale des plus excitantes. Celle de Trashmonk, alias Nick Laird-Clowes, dont le nom figure sur une telle foultitude d’albums que vous en avez sûrement un chez vous. Car ce gourou des studios a participé aux sessions de ce qui compte de plus prestigieux dans la pop music de ces trente dernières années. Arrangeur et musicien pour Brian Wilson, John Lennon, Marc Bolan, mais aussi les Pink Floyd entre autres, Nick Laird-Clowes fut aussi à l’origine de ce planant groupe de rock des eighties, l’Académie des rêves (Dream Academy). C’est aussi à ce moment qu’il s’est décidé à se purifier des pollutions (poudres en tout genre) de notre société et qu’il est parti (bien avant Leonard Cohen) dans un monastère. Il nous revient, non pas en « trashmonk » (ces touristes des monastères qui viennent se recueillir quinze jours par-ci, par-là), mais à nouveau en véritable sorcier de studio.
L’année 1999 sera celle des mélanges musicaux ou ne sera pas. Déjà combien de disque depuis le crossover réalisé par Beck avec Loser ? Mona Lisa overdrive n’est pas un disque de plus, mais bien une petite merveille du genre de Perry Blake ou Mark Hollis l’an dernier. D’abord parce qu’on retrouve les mêmes influences, à commencer par Nick Drake, dont on ne dira jamais assez l’importance dans la musique d’aujourd’hui. Ici, c’est le Drake tout acoustique avec des arpèges de guitare rares (Sapphire, Inner brownstone symphony, It won’t be long ou On the way home). Mais sont aussi présentes les mélodies délicates sur fond de soul trip-hop (Polygamy rappelant Saturday across my heart de TTDA), les sons lourds façon Tricky avec voix filtrée (High times qui nous renvoie à Lennon et ses rocks basiques). Amaryllis par exemple devrait devenir un gros tube des college radios américaines avec son côté trash. Mais le clou revient à All change, mélange du U2 des dernières années avec toute l’histoire de la pop world de qualité (Peter Gabriel, Ravi Shankar), une de ces mélodies de refrain qui vous transporte loin avec des frissons dans le dos.