1. 69 love songs
The Magnetic Fields
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2. (Come on feel the) Illinoise !
Sufjan Stevens
Songwriter folk programmatique par excellence (un album par Etat d’Amérique), presque à rebours de l’époque, le virtuose Stevens a assis avec Illinoise son songwriting perce-coeur, ses tics (les pyramides humaines, copiées, imitées, jamais égalées) et obsessions (Jésus le sauveur) en même temps que l’ambition démesurée de ses projets et de ses arrangements grouillants et florissants, pour devenir tout simplement indispensable.
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3. The Blueberry boat
The Fiery Furnaces
Stakhanovistes légers, Matthew et Eleanor Friedberger ont sorti pas moins de sept albums en six ans, dont au moins un futur classique de l’histoire du rock (on en reparle dans vingt ans), avec Blueberry boat, disque univers que l’on a déjà comparé au Feu pâle de Nabokov. Associations d’idées et allitérations, flow maniériste et messages ésotériques, chansons gigognes et maîtrise de l’électricité percutent la tradition du blues du delta, la brit pop et l’opera rock, pour un résultat totalement inouï. Le monde n’est juste pas prêt.
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4. I see a darkness
Bonnie « Prince » Billy
Sixième album de Will Oldham, fondateur des Palace Brothers et l’homme sans qui Cat Power, Smog, Herman Dune ou Devendra Banhart ne seraient pas là, I see a darkness est LE classique de folk américaine de la fin du siècle dernier (1999), prophétique et décharné, clair-obscur, célébration de la vie sous ses sombres atours, entre confidences amicales et vieille sagesse. Le maître Johnny Cash passera le témoin à son fils spirituel en reprenant le morceau titre de I see a darkness sur son American III, Solitary man, avant de mourir. Tout un symbole.
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5. Discovery
Daft Punk
Ou comment la musique électronique est devenue pop mainstream. En 2001, en état de grâce et absous des pires excentricité, le duo peint l’univers de ses rêves : ici un nuage d’arpeggi grandiloquents, là les déluges de slogans vocodés, et sur laé planète entière, une pluie d’étoiles battante sous laquelle les hommes et les robots font l’amour en digital. Dans leurs casques, une symphonie disco-pop arrachée à l’inconscient 70’s nébuleux (Albator, 2001, l’Odyssée de l’espace). Et entre les lignes, une histoire à lire comme un grand, sans les images.
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6. Is this it ?
The Strokes
Erreur de casting à Chronic’art ? Non, les Strokes, hipsters petits bourgeois new-yorkais, quand bien même ils n’auraient rien d’original (mais restent d’excellents songwriters), sortent en 2001 l’album qui inventa tout simplement le premier « retour du rock » (avant les White Stripes et Pete Doherty) : Converse Ramones, riffs Velvet, mélodies Television, les Strokes ont embarqué vers l’électricité tous les 15-20 ans des années 2000, qui téléchargent à tour de bras les compiles Nuggets, s’achètent des tatanes 60’s et créent des groupes de « bébé-rockers » à la noix. Cruciaux passeurs.
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7. Point
Cornelius
On l’a écrit et réécrit, Keigo Oyamada a reformaté, en deux chefs-d’oeuvre successifs et à quatre ans d’intervalle, la machine pop deux fois. Une première avec Fantasma (1998), en ouvrant grand les fenêtres et en tentant, au gré des courants d’air et de la gloutonnerie, tous les croisements (les Beach Boys, Walt Disney, The Clash, Bach, Prince Paul, Aphex Twin, Tom Jobim, My Bloody Valentine) ; une deuxième avec Point (2002), en concentrant à l’extrême son nouvel ADN pop en architectures cubistes possédées, accouchant par-là même d’un vrai eden formel et techniciste, dans un double geste bien plus crucial que celui de son alter ego Protools popBeck. Véritable auteur de la forme et de la structure, Oyamada aura aussi en même temps signé l’acte fondateur et l’arrêt de mort d’un beau mouvement vorace, le Shibuya Kei.
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8. Speakerboxxx / The Love below
Outkast
On a toujours défendu le hip-hop à Chronic’art, et on a eu bien du mal à choisir un album hip-hop emblématique de la décade. Disons que le multi-platine Outkast est un choix par défaut, pour l’ambition du projet, la forme du double album conceptuel en duo et ce qu’il représente : le passage de témoin entre les puristes du flow (Big Boi) et les tenants du mainstream chanté (André 3000), ou comment le hip-hop est devenu un objet pop, représentation théâtrale, sapes, bling-bling, featurings, bagnoles et piscines, en même temps que s’élevaient au dessus de la mêlée les personae des grands producteurs du genre (Timbaland, Neptunes).
9. The Noise made by people
Broadcast
Le bruit que font les gens : à l’heure du grand fond sonore de la musique consommable, du home-studio partout et de Myspace pour tous, le credo de Broadcast en l’an 2000 sonne rétrospectivement comme prophétique. Groupe important des 90’s, aux côtés de Pram et Stereolab (lead vocals féminins itou), Broadcast a été emblématique de l’ouverture du champ électronique (Warp) à la pop et au rock (ici les 60’s psyché de United States of America). Métronomie Krautrock, mariage de l’analogique et du numérique, distillation du grand bruit de l’inconscient collectif dans la forme pure de la pop-song, Broadcast a été sans aucun doute un groupe important.
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10. TNT
Tortoise
Souvenez-vous, 1998, Tortoise, TNT, le post-rock (terme supposément inventé par des journalistes français), quand la scène de Chicago (Gastr Del Sol, O’Rourke, David Grubbs, etc), excitait tout le monde. De fait le post-rockétait peut-être le terme adéquat pour dire que le rock était mort (depuis 1969 et Altamont, pour être clair, mais l’histoire met du temps à acquérir une conscience), et qu’il vivait sa vie après la mort, en recyclages (boucles), crossovers (rock et électronique), abstraction : Tortoise avec TNT, explosait les carcans de la forme rock pour en restituer la substance primaire déconstruite (riffs, drums, bruits, en éléments séparés). Groovy et intelligent, mais aussi début de la fin de l’histoire de pop-music.
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