Si l’on en juge par Delinquency, titre phare de Free the twin, V-Twin est un duo dont le seul mot d’ordre n’est autre que « rock’n’roll ! ». Mais la majorité des titres de ce premier album ayant été réalisée en collaboration avec diverses personnes, il semblerait que l’on ait ici affaire à bien plus qu’un duo. Plutôt à une plate-forme tournante, où viennent se manifester des artistes aussi divers que Kid Loco, Cinema, Adam and Eve ou Darren Morris. Malheureusement, un problème se fait sentir dès la première écoute : à force de jouer la carte de la collaboration, V-Twin s’embourbe dans un pêle-mêle musical incohérent et assez peu homogène. Si bien que le cri de guerre « rock’n’roll », si bien hurlé sur Delinquency, devient légèrement risible lorsqu’on sait que le morceau sera suivi par des instrumentaux de techno préfabriquée ou quelques expérimentations d’ambient minimalistes caricaturales…
Dommage que le groupe n’ait pas persévéré dans le style développé sur Delinquency : un rock-electro endiablé, où se marient à merveille basses de Groovebox, riffs volcaniques façon Blues Explosion et parties vocales entraînantes à la Beach Boys. Faute de pouvoir produire un autre titre aussi abouti, le groupe se contente de nous fournir deux remixes qui n’apportent pas grand-chose de plus que l’original. L’un met en avant l’aspect rock du morceau, l’autre est une version 100 % electro… Pour ce qui est du reste de l’album, V-Twin tape dans le déjà vu, sans spécialement se démarquer du lot. Derailed est une ballade folk, bien au-dessous des moins bonnes chansons de Sebadoh ou de Smog. In the land of pharoahs singe platement les plans breakbeats de DJ Spooky ou DJ Shadow. In the land of the pharoahs dark tourism (eh oui, encore un remix…) est une longue aventure d’ambient linéaire, où tout le potentiel des boucles répétitives s’épuise au bout de trois minutes. On remarquera au passage une fantastique métamorphose jazzy, renversement atmosphérique assez délicieux, rehaussant légèrement le niveau de ce morceau (mais seulement au bout de neuf longues minutes). Au beau milieu de tout ce fatras sans queue ni tête se trouvent aussi Thank you babe (du Velvet Underground en carton) et Sound as ever (sorte de country western à la T. Van Zandt). Si bien qu’on en vient à se demander si Free the Twin est vraiment un album ou un assemblage de vieux fonds de tiroirs mal agencés. Reste donc au final Delinquency, seule véritable réussite du disque, que l’on écoute encore et toujours, au risque de peut-être s’en lasser…