Carl Stephenson, responsable il y quelques temps des perturbations sonores sur Loser, anti-hit magnifique de son copain Beck, et d’ailleurs co-auteur de pas mal de morceaux de Mellow Gold, est le genre de gaillard qui dépiaute un synthé pour voir comment ça marche vraiment. Si la chose lui réussit pour composer des titres très composites –You create the reason– qui allient des samples métronomiques à tout ce qui peut lui passer par les mains et qui fait du bruit – certains mini-soli de guitares sont carrément hilarants – ça a nettement moins bien marché pour sa vie en général et sa santé mentale en particulier.
A l’heure actuelle, Carl Stephenson se repose, parfois dans des institutions spécialisées, du stress et des montées d’angoisse qui lui pourrissent l’existence. Cet album, terminé depuis trois ans et demi, on a bien failli ne jamais l’entendre. Et c’eût été dommage. Véritable patchwork sonore, il sonne la plupart du temps avec bonheur à nos oreilles, tel Wet paint et sa cornemuse omniprésente. Beaucoup de voix, sous forme de chant ou de phrases repiquées, viennent se mêler à l’ensemble. Au final, cela donne pas mal d’ethno-techno-hip-hop, comme sur Dream et Algorithm, quelques moments de détente rock – Green light stree t– et une jolie chute, Thoughts in my head. Pas vraiment rigolo, le bricolo, l’atmosphère sur ses morceaux est souvent un peu oppressante, ou à tout le moins touffue, mais l’originalité finit généralement par l’emporter. Un peu de plaisir pour nous, et quelques points en plus pour le moral de Carl Stephenson. Qui, lorsqu’il ira mieux nous expliquera certainement la signification ce cet étrange patronyme, Forest For The Trees.