Connu notamment pour avoir lancé le trio électronique Add N To (X), Satellite Records tente depuis peu de s’émanciper grâce à quelques fraîches et intéressantes signatures. Parmi celles-ci se trouvent les furieux japonais de Lucha Libre, groupe de musiciens acharnés ayant réussi à intégrer Satellite après plusieurs jours de sitting face au siège du label, en plein quartier de Soho… C’est donc grâce à cette attitude extrémiste qu’ils ont réussi à nous livrer aujourd’hui ce non moins extrême Lö iq hi pöwer, qui constitue une pièce de choix en matière de « musique Satellitienne ».
Mais à la différence des Yossarian et autres Bell qui -aussi géniaux soient-ils- restent complètement dans la lignée ayant été amorcée par le premier album de Add N To (X), Lucha Libre est une preuve que le label anglais ne s’en tient pas uniquement à la musique électronique ayant forgé son image de marque. Certes, ce Lö iq hi pöwer compte en son sein claviers moogs et rythmes synthétiques (éléments récurrents chez beaucoup de groupes Satellite), mais au-delà des armes electro utilisées, nous avons ici clairement affaire à un album de rock déchaîné, où se succèdent toute une série de plans aussi impulsifs que travaillés. Relativement comparable à ce que pourrait donner un concours de bruit entre John Zorn et Alec Empire (cf. le sixième morceau : Can), Lucha Libre conjugue donc cuivres, instruments rock et sons électroniques pour nous offrir cette musique anormale et dévastatrice, à ne pas mettre entre toutes les mains.
Parfois, la sagesse de certains morceaux comme NFT ou Ta ma est assez déconcertante, et laisse interrogateur l’auditeur venant de se prendre saxophones hurlants et breakbeats industriels saturés dans les oreilles. Mais tout revient vite dans l’ordre, lorsque l’on constate ensuite que ce calme est, en général, destiné à mieux mettre en valeur l’apocalypse qui ne tarde pas à revenir au galop…