Le voici donc, cet album légendaire -pour peu d’entre nous peut-être, mais « peu » suffit- de Certain General, jamais vraiment sorti, alors que le groupe, toujours largement rejeté par le continent américain, connaissait sa petite heure de gloire en Europe, et particulièrement en France, s’y forgeant un statut de groupe culte avec l’aide -précieuse et totalement légitime- du quotidien Libération.
En 1985, après une poignée de disques brûlants sortis, le groupe de Parker Dulany doit mettre à jour son masterpiece, l’album de la reconnaissance, enfin la connaissance tout court : le groupe joue encore dans de petites salles, même s’il fait à chaque fois une impression énorme. Certain General se fera blouser, le disque, sortant chez l’indépendant français. L’Invitation au Suicide, étant largement amputé : seuls cinq morceaux, à l’époque, survécurent à la brouille entre le label et le groupe.
Quatorze ans plus tard, le disque sort enfin, tel qu’il avait été initialement pensé par Certain General. Et c’est un joyau. Les plus chanceux connaissaient déjà quelques titres –Bad way, Will you, des perles bruts et noires, Killer in our house ou Lose myself, sortis ceux-là sur un album postérieur, Cabin fever, chez Barclay-, mais on découvre des inédits renversants : Time & temperature, All young lovers, My favorite alibi, Fire, datant des mêmes sessions, et trois titres de 89, The kept, She’s got mine et Without love.
On retrouve également Susie’s waiting, une vraie chanson d’amour déchirante aux antipodes du ridicule, qui montre la puissance romantique que pouvait dégager le groupe -la voix de Dulany, littéralement hantée !
Ce disque vous donne l’occasion de découvrir ou redécouvrir un très grand groupe de rock, avec des guitares, des vraies, qui sonnent (Lose myself), un charisme collectif impressionnant, il est vrai largement boosté par la personnalité de Parker Dulany, songwriter inspiré et désespéré. Somme toute, une occasion rare, à ne pas manquer.