Sensation il y a un an et demi, Mogwai young team, premier véritable album des Ecossais de Mogwai, avait permis de réunir la pop racée et les emballées soniques les plus folles. Sur Come on die young -joli titre encore une fois, très rock’n’roll, mais en fait emprunté à des taggers compatriotes-, la folie, c’est le gris. Peut-être celui des forêts de l’Etat de New York où le groupe a enregistré l’album cet hiver. S’il faut chercher un contraste saisissant, c’est dans l’opposition entre les guitares vrombissantes du passé et la flûte aujourd’hui, celle de Barry Burns. La violence, elle, se niche dans un jeu rythmique sophistiqué et parfaitement maîtrisé, peaux frémissantes contre cymbales menaçantes.
Côté guitares, à de rares exceptions près, c’est le calme qui prédomine, là encore la possible influence américaine -Neil Young, le Springsteen qui ne se prend pas pour Napoléon, tendance Nebraska. Come on die young n’est pourtant pas un disque qui reste emmitouflé dans sa doudoune. Seulement, les ambiances sont agencées sur les nuances, dans un registre plus resserré (Waltz for Aidan). Il va sans dire que l’effet produit par ces titres très largement instrumentaux est assez étrange si l’on part avec une idée préconçue de ce que pourrait donner un album de Mogwai. Les microclimats faisant suite aux ouragans sonores qu’on leur connaissait, une impression de frustration apparaît très rapidement. Il va sans dire que ces canailles ont longuement mûri cet effet : forme de brutalité psychologique engendrée par la privation du boucan que l’on espérait. C’est un jeu dangereux, car du coup, il faudra plusieurs écoutes pour rentrer véritablement dans l’album et dans des structures complexes comme Ex-cowboy ou Chocky, qui semblent laisser une large place à l’improvisation. Et il faut patienter jusqu’à Christmas steps pour retrouver la saccade et les soubresauts électriques attendus. Come on die young est donc un disque peau de vache, qui s’écoute facilement, mais ne se livre que très peu. Un risque respectable.