Grandaddy est un quintette californien qui a érigé le foutoir au rang de norme, il ne faudra donc pas vous attendre à un disque designé comme une fusée, avec des finitions parfaites, du matériau surchoix et les options sans supplément. Cependant, gardez-vous de passer à côté de Under the western freeway : c’est peut-être l’ébauche de ce que pourrait être Beck en formation élargie, Pavement en moins ouvertement philosophe ou Jonny Polonsky (rappelez-vous le premier album joyeusement foutraque de ce petit surdoué sorti l’année passée sous les bons auspices de Frank Black) s’il avait dix mains.
Mélodies savamment détraquées par des instruments rétifs à toute forme de domestication (A.M. 180), ballades limites sirop ou la classe le dispute au ringard (Collective dreamfish of upperclass elegance), rock justement très Frank Black, mais où tout ou presque irait de travers (Summer here kids), plaintes My Bloody Valentine en sourdine ou Portastatic (Under the western freeway), Jason Tytle s’est nourri dans les bonnes auberges au moment de composer, ajoutant deci delà des perturbations Bontempi (Laughing stock, Everything beautiful is far away, Go progress chrome) aussi intrigantes que bienvenues. On dira de plus que ce disque rejette très loin toute forme de prétention, il zigzague à l’envi au milieu des dandys arrivistes pour lesquels la bizarrerie est une stratégie marketing, ne demandant rien à personne et surtout pas la reconnaissance. Pour cela, Grandaddy est attachant, addictif par moments.
Au fait, ne cherchez aucune signification cachée aux grillons qui chantent après le dernier titre, Jason Tytle est parti fumer un joint sur la plage, histoire de voir le monde à l’endroit.