Cinquième album pour les drone rockers de Bardo Pond, qu’on attendait depuis deux ans. Les deux essais précédents, Amanita et Lapsed, déjà chez Matador, leur avaient fait gagner une petite renommée de groupe spécialisé dans le heavy psychedelica, bien qu’ils se défendent de l’appellation « psychédélique ».
Leur musique fait toujours autant voyager intérieurement, à l’instar du premier morceau, Walking stick man, long de 11 minutes. Amateurs de Deep Purple et My Bloody Valentine, de rythmiques lourdes et guitares distordues avec vocaux murmurés, cet album est pour vous. Ne pensez pas pour autant que Bardo Pond est un groupe un peu « bourrin », leurs options musicales ne les empêchent pas d’afficher une certaine finesse, d’affirmer un style et un son forgés depuis les premiers disques sortis sur Compulsiv et Drunken Fish, deux excellents labels indés -à ce titre, ne ratez pas la réédition en CD du coffret Harmony of the spheres, sorti il y quelques années en vinyle seulement sur Drunken Fish, pour lequel Bardo Pond avait contribué d’une face entière.
Set and setting fait cohabiter avec bonheur bruit et sentiment de léthargie, une impression donnée par les tempos très ralentis sur lesquels le groupe s’exprime le mieux, pour finalement imprégner notre esprit et y laisser comme le souvenir d’une série de mantras urbains noisy. Again, en milieu d’album, vient un peu casser le rythme fort à propos, avant que Lull ne nous replonge dans cette rêverie aux réminiscences hindoues. On songe parfois à Ash Ra Tempel, Amon Dull II ou Bevis Frond pour l’exercice cérébral, la spiritualité, mais les guitares viennent sans cesse repositionner Bardo Pond dans un héritage rock, et c’est ce mélange qui fait l’intérêt de leur son et de leur musique. Un album à méditer, ma non troppo.