Les petits sauvageons d’Hefner font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas être étiquetés brit-pop, et sur The Fidelity wars, ils y arrivent plutôt bien. « Recorded in 12 days at the excellent Roundhouse Studios in London », c’est écrit sur la pochette, et sans respirer l’urgence à tout bout de champ, il y a clairement comme un petit air de fraîcheur sur ce disque, qualité dont manquent d’ailleurs la plupart des vrais disques de brit-pop, qui respirent plutôt le fond de couette et la gomina bon marché.
Sans faire prêchi-prêcha, les Hefner peuvent se targuer d’avoir une vraie sensibilité -ce dont manquent d’ailleurs la plupart…-, il suffit pour cela d’écouter Don’t flake out on me, que tout bon groupe de brit-pop aurait salopé avec emphase. Il y a aussi une trompette bouchée qui pointe le bout de son nez avec à-propos, pour faire sortir le morceau d’un éventuel carcan pop plan-plan.
Il y a aussi le goût immodéré d’Hefner pour les hymnes, chose que ne se permettrait jamais groupe briton rêvant de reconnaissance, quelle horreur. Et en plus, c’est pour des mauvaises choses : The Hymn for the cigarettes et The Hymn for the alcohol, beurk. Derrière ces intitulés saugrenus, on découvre de vraies chansons bien faites, pleines d’entrain et de spontanéité, pas mal d’amertume et d’humour noir. Et puis, de temps en temps, un petit coup de colère sur le refrain (ouais, des refrains, des vrais, ça fait du bien parfois, alors que la musique d’aujourd’hui évite de plus en plus ce qui est considéré comme un abominable poncif, le couplet-refrain), une guitare qui sonne, bien calée sur la basse -euh, c’est pas U2 quand même, arrêtez de sourire béatement et reprenez le fil-, une voix -celle de Darren Hayman, bien écorchée- qui sait alterner brame et charme.
On n’en demande pas beaucoup plus pour passer un bon moment, d’autant qu’il y a de ci de là des petites trouvailles marrantes (le scratch gimmick trop bien placé sur I love only you, le morceau qui clôt l’album), et surtout pas mal d’humilité. Y a même un mini hit, We were meant to be (section cuivre en clin d’œil soul hilarante).
Et hop, on se le cale tranquille, The Fidelity wars. C’est plutôt rare de nos jours, un groupe qui ne chope pas le melon direct…