Le temps de rejoindre le Convention Center de Los Angeles et ses deux halls gigantesques, il est déjà 8h lorsque nous arrivons pour nous enregistrer dans une grande salle anonyme. La moquette vieillotte, les lumières fades et les murs en bois nous rappellent aussi que derrière ses promesses excitantes, l’E3 est une machine presque anachronique, à l’heure où l’information circule sans point d’ancrage particulier.

Ce que Nintendo a sans doute voulu affirmer encore en diffusant pour la seconde année sa conférence en ligne, rendant ainsi de fait quasi-dérisoire notre présence sur place. Une communication maitrisée qui, outre un montage et des effets forcément plus élaborés, laissait aussi Nintendo affirmer ses valeurs ultra conservatrices. Sur fond de décors japonais traditionnels, les développeurs se succèdent pour présenter un énième Zelda, Smash Bros, Kirby, Yoshi etc. Et pourtant, miracle, c’est encore cette magie qui opère et nous donne envie d’adhérer sans condition, à l’image de ce Zelda qui, en un plan sur une plaine verte et lumineuse nous aura émerveillé en transcendant les souvenirs lointains d’Ocarina of Time. Et peu importe si le reste ressemblait plus à une cinématique d’action qu’à une immersion dans le jeu lui même. A noter aussi, la volonté de relancer la Wii U avec une présentation quasiment centrée autour de jeux à venir sur la machine, laissant des miettes à une 3DS avec un Pokémon qui devrait largement suffire à contenter les fans. Pour le reste, voici ce que l’on aura retenu :

 

 

Le jeu à suivre: Splatoon

Peut-être parce que c’est une nouvelle franchise, on a envie de retenir ce TPS multi où il faut recouvrir de peinture le champ de bataille de l’équipe adverse. L’idée vient sans doute de Mario Sunshine et son canon à eau, mais au-delà, il y a cette idée de conquête d’un territoire par son recouvrement, qui tout en gardant les possibilités jouissives du frag amène à une nouvelle approche du terrain. Et puis, même si on avait a priori des doutes sur la visée au gamepad, une fois le jeu pris en main, les parties se révèlent nerveuses et fluides à souhait.

La valeur sure: Yoshi / Kirby

Exemple parfait de cet art de Nintendo: reprendre Kirby au fil de l’aventure et ses bobines de laine avec Yoshi, et ressusciter le principe de Kirby le pinceau du pouvoir (sans doute le meilleur des kirby au passage) dans un univers de pâte à modeler. Un même principe jouant de variations sur les textures, il ne suffit de rien de plus pour provoquer sourires et exclamations habituelles. Imparable.

Le bide: Amiibo

On hésitait avec Hyrule Warriors, laid et désuet mais au final, on retiendra Amiibo, une sorte de systèmes de figurines (toutes ressemblances avec Skylanders ou Disney Infinity est fortuite_ndlr) que Nintendo essaie de vendre comme une manière révolutionnaire de personnaliser son personnage (sur Smash Bros et Mario Kart). Jurisprudence DD64, Balance board ou Power Glove obligent, on donne au concept une espérance de vie de six mois, grand max.

Outre les autres jeux annoncés, Smash Bros (RAS), Mario Maker (Little Big Mario), Toad Captain treasure, et projets sur lesquels Miyamoto s’amuse (Project Giant Robot et Project Guard), on aura eu le temps de faire un tour chez d’autres gros éditeurs :

Electronic Arts :

Premier stand du West hall (celui des tiers principalement) EA envoie du lourd pour le grand public, sans grande surprise des Sims, des jeux EA sports, Battlefield (déjà accessible en beta) et Titanfall. En hands off le prochain Bioware Dragon Age Inquisition, i.e. Mass Effect x Game of Thrones, auquel il manque quand même un charme pour nous séduire et donner envie de pénétrer son monde.

Ubisoft :

Encore beaucoup de valeurs sures avec du Just Dance, Far Cry 4 et ô surprise un nouvel Assassin’s Creed (Unity), qui néanmoins promet de belles choses: d’une par un multi intégré dans le jeu complet, et puis une possibilité, avec la nouvelle génération de machines, de multiplier les transitions entre l’extérieur et l’intérieur, proposant un découpage de l’espace plus riche comme un nouveau rythme, moins monotone et plus nerveux. Par contre, rien à faire avec ces capuches, toujours aussi ridicules.

A suivre.