L’image qu’on avait conservée de Neil Finn, c’était celle de Crowded House et d’albums qui nous avaient, il faut bien l’avouer, brisé les couilles assez sérieusement. On avait du coup occulté -ou presque- la collaboration de 1995 avec le frérot Tim pour un album sobrement intitulé Finn, et qui montrait ce qui nous avait été caché auparavant, des qualités de songwriting impressionnantes. On partait donc pour s’écouter Try whistling this avec une opinion mitigée, tendance méfiante. Et boom, le coup de bambou en plein entre les deux oreilles, cet album n’est pas seulement écoutable, il est vraiment bon, et même parfois emballant. Bien sûr, il demande certaines prédispositions chez l’auditeur : une certaine sensibilité aux chansons fignolées, aux productions léchées, aux instrumentations adultes (on n’a pas dit ringardes, attention). En fait, si vous aimez Elvis Costello, si vous avez apprécié l’album solo de Mark Hollis, vous avez toutes vos chances. Si c’est du rock virulent, du trip hop subaquatique ou de l’electronica dernier cri que vous voulez, passez votre chemin.
Pourtant, ce tout jeune quarantenaire n’est pas un croulant en quête de second souffle, même si sa carte de visite musicale nous fait remonter jusqu’en 1977 et Split Enz (eh oui, c’était déjà lui, en pleine période punk). Non Try whistling this est un disque complet, sur lequel Neil Finn, non content de nous livrer quelques moments de grâce (Sinner, Twisty bass, Astro), se montre de plus un producteur fort talentueux. Par moments, on a l’impression d’écouter une sorte de Kate Bush masculin. A d’autres, il nous les brise menues quand même (Loose tongue et son riff de guitare même plus éculé tellement il a servi). Mais dans son ensemble, voila un disque qui réconcilie avec la musique, tant il montre avec évidence les possibilités d’un artiste qui a des idées (certains devraient notamment s’inspirer de lui pour ce qui est des arrangements de cuivres). Un partout, balle au centre.