Film de Patrice Chéreau. Björk, Nina Simone, Portishead, Eric Neveux, James Brown, Cake, Les Rita Mitsouko, Willy Deville, Nina de Antequera, P.J. Harvey, The Divine Comedy ; Adagio de la Symphonie n°10 de Mahler (dir. P. Boulez).
Si la musique adoucit les moeurs, ni la voix planante de Björk (All is full of love), ni celle de Portishead (Western eyes) n’auront eu raison des cris et chuchotements de la tribu Chéreau. En wagon, Nina Simone, Chichin et Ringer (promo cannoise oblige, vous n’avez pas pu ne pas entendre Don’t forget the nite), et d’autres noms très « mode » -comme le déplorait M. Neuhoff, préposé critique à Madame Figaro : la bande hyper bandante du film non moins bandant du grand Patrice (enfin, tous les goûts sont dans la nature, n’est-ce pas M. Neuhoff ?) est à embarquer d’urgence, classe tous risques ou pas, en prévision de quelques road-movies estivaliers d’enfer.
La vie, après la mort : scènes de ménage (homo-hétéro-filioque…) dans tous les compartiments, That’s life, selon James Brown -mieux (ou pire, selon le point de vue), la survie, dépouillée des ses oripeaux discos par un Cake bien fumant (I will survive). Et l’amour, dans tout ça, semble se demander l’excellent Greggory qui n’en manque pourtant pas avec l’alter Chéreau (Who will love me now ?) : l’amour (re)viendra, balayant tout sur son passage, rancunes et ressentiments -et la musique de Mahler adoucira peut-être définitivement les moeurs névrotiques de nos divins comédiens, nos contemporains, nos frères.
Stéphane Grant