Nouvel album et seconde chance pour Green Day qui n’était plus, depuis un bon moment -c’est-à-dire depuis le sortie d’Insomniac– en odeur de sainteté. Le côté un poil bourrin et rase motte de leur punk rock semblait l’avoir emporté, dopé peut-être par l’appât du gain. Cette fois-ci, on ne pourra pas les accuser d’en vouloir à notre porte-monnaie, puisqu’ils n’ont pas bougé, sur Nimrod, d’un iota par rapport à leurs positions antérieures. C’est du punk passé au pinceau poppy, toujours aussi à cheval sur l’orthodoxie. Toujours nourri aussi, au grain semé il y a vingt ans par Clash ou les Buzzcocks, avec ce côté appliqué que peuvent avoir les Américains lorsqu’ils reproduisent un schéma existant.
Pas de surprises donc, mais pas de cata non plus, si ce n’est pour ceux que ce type de musique agacera par principe, car un peu éventé tout de même. Un mauvais point peut-être pour Green Day, mais contrebalancé par la sincérité et l’absence de prétention qui se dégage de l’entreprise. Scattered, Nice guys finish last ou All the time sont sans aucun doute des titres parfaitement agencés par des gars qui s’éclatent avec une guitare, une basse et une batterie. Rien n’y manque, de l’énergie évidente déployée aux mélodies tellement bateaux que c’en est parfois drôle.
Il faudra donc désormais choisir son camp en ce qui concerne Green Day : marcher à fond dans ces bluettes électriques portées par la voix de Billie Joe Armstrong aux accents Costello première mouture, ou rejeter définitivement dans les oubliettes du rock un groupe capable de servir des morceaux aussi primaires que Platypus -véritable resucée Exploited light, donnant de plus l’impression que Sham 69 ou les Outcasts resteront à jamais de grands éclaireurs du rock. Il ne vous reste plus qu’à lever ou abaisser le pouce.