Comme The Verve, Strangelove pourrait bien voir sa cote grimper d’un coup en France avec la sortie de cet album éponyme qui colle parfaitement à l’atmosphère radioheadienne du moment. Les deux groupes entretenant d’ailleurs d’excellentes relations puisque Strangelove a par le passé assuré les premières parties de leur glorieux confrères et que Ed O’Brien ne cesse de répéter qu’après cette expérience « Radiohead avait beaucoup évolué ». Sans doute pour ne pas être en reste Patrick Duff ouvre ce troisième album avec Superstar, un titre que ne renierait certainement pas son camarade Yorke. Voix plaintive, guitares acoustiques, refrain accrocheur, cette chanson à tout du tube en puissance. Suit un autre grand moment de l’album, Freak, avec ses riffs vengeurs, sa rythmique lourde, le tout fleurant bon l’inspiration Smashinesque.
Et ce n’est pas fini, car sur onze titres parfaitement calibrés, Strangelove déroule son exquise pop sur fond d’accords aguicheurs et de guitares aériennes toujours rehaussés par la présence vocale inspirée; de maître Duff, qui s’impose sans problème comme le meilleur compromis entre un Morrissey pour l’instant perdu et un Jarvis Coker fatigué. The runaway Brothers éclate de simplicité et d’entrain tandis qu’Another night in vous saute gentiment aux oreilles, sans crier gare, avec la ferme intention d’y rester pour un petit bout de temps. L’album étale ensuite de bien jolies ballades comme ce Little Queenie intime ou cette Mona Lisa, pas pincée du tout mais au contraire fort décontractée. Dans leur grande bonté, les Strangelove vous offrent même un petit extra, caché au fin fond du dernier titre, à savoir une superbe version acoustique de Freak. Les Manic Street Preachers et autres mammouths de la brit pop sont donc prévenus -mais avaient-ils vraiment besoin de l’être-, Strangelove vient de sortir l’un des albums les plus fins et les plus intelligents de ces dernières années, sur cette scène fort encombrée mais pas toujours élevée à son juste niveau.