Attention, tympans raffinés habitués aux songwriters murmurant leurs chagrins d’amour dans le micro, cet album ne s’adresse pas directement à vous. Six By Seven n’est pas un groupe qui aime faire dans la dentelle. Non pas qu’il n’en soit pas capable. The Closer you get est l’œuvre de musiciens doués et originaux -pas les bas morceaux régurgités par de sous-humains lobotomisés qui se prétendent rebelles. Simplement, les Six By Seven aiment choquer, faire réagir, déplaire, provoquer une réaction, quoi ! Ca tombe bien, on manquait de gens de cette trempe, ces jours-ci.
L’album s’ouvre sur une note forte, le très « prodigyeux » Eat junk become junk. En quelques riffs poids lourds et beats bourdonnants, le titre réveille la bête qui somnolait en tout bon fan de rock, de punk, de jungle et de mélange des trois. On ne remarque qu’ensuite les lignes de guitares qui s’entremêlent, mine de rien, à croire que les Six By Seven ne peuvent pas, tout à fait, jouer aux primates jusqu’au bout. La suite ne faiblit pas. Sawn off Metallica t-shirt possède non seulement un titre grandiose, mais aussi une rythmique speedée et un son crasseux comme celui d’une vieille tranche d’indus. Slab square gueule encore dans la même veine, la voix à vif de Chris Olley un peu retrait par rapport à des guitares rugissantes à la limite du larsen et une batterie en mode binaire.
Lorsqu’ils décident de lever le pied, les Six By Seven retombent également sur leurs pattes : New year et ses effets de cordes synthétiques est une ballade écorchée mélodramatique que Radiohead ne rejetterait pas de son répertoire. L’étrange England and a broken radio semble sorti de nulle part. Sur la première moitié du titre, Olley murmure dans un vocoder crachotant, alors qu’en fond ses camarades égrènent une mélodie dépouillée, en prenant soin de ne pas le couvrir. Lorsqu’ils finissent par s’énerver de tant de calme quasi irréel et montent le volume, la chanson gagne en climat angoissant. On redoute le moment où tout va exploser, suite logique de ce genre d’expérience. Que les Six By Seven prennent à rebrousse-poil, naturellement, achevant England… sans fracas et abruptement, estimant que le jeu a assez duré.
Après quarante minutes et quelques de désordre organisé, les garçons s’arrêtent net, laissant l’auditeur sur sa faim. On finit par se demander comment ces types-là on pu séduire la critique britonne même qui encense des faux (et mauvais) Beatles et des échappés de boy-bands… mais c’est un autre débat. Six By Seven promet déjà que le prochain album sera un peu plus radical encore. Inutile donc de les chercher là où on les attend : ces Anglais n’en font qu’à leur tête, prouvant que la « punk attitude » n’a jamais vraiment disparu et ne résidait surtout pas dans une épingle à nourrice plantée dans la joue…