Septième album de Sebadoh, après deux ans de silence quasi total, et une nouveauté à signaler d’emblée : la présence d’un nouveau batteur, Russ Pollard. A priori, pas de quoi fouetter un chat, tout le monde sait bien que le patron à bords, c’est Lou Barlow. Sauf que Russ est compositeur à ses heures -pour l’instant, un seul titre (Break free) vient authentifier cette affirmation-, mais aux dires de tous, c’est peut-être le chaînon manquant jusqu’ici, l’élément qui va donner toute sa cohésion et sa force à l’entité Sebadoh. Pas qu’il y avait par le passé à se plaindre. Sur chacun des six albums précédents de Sebadoh, il y avait son lot de perles lo-fi à récolter. Seulement voila, par paresse, par goût, certains morceaux étaient comme salopés, la production comme hasardeuse dans sa craderie -oui, mais quand même, c’est de la lo-fi, voyez-vous, ça ne peut pas ne pas être bancal-, ces disques avaient un petit relent d’inachevé, ce qui ravissaient nombre des fans de Sebadoh, en guerre conter le monde et ses conventions, à commencer par les mélodies pop.
Oui, car des mélodies, The Sebadoh en est plein jusqu’à la gueule, même si de-ci de-là elles cherchent à se planquer derrière le bruit, ces vilaines. Mais sur Weird par exemple, elle est là, toute nue, presque gauche, comme révélée en toute simplicité à la lumière après des années de cachot.
Alors, que faire, répudier Lou et ses potes parce qu’ils auraient trahi la cause lo-fi, ou bondir au plafond parce qu’enfin, ils osent être un vrai groupe de pop rock ? Pour ma part, j’ai pris un méchant coup en heurtant les étoiles, pas moins. Si c’est ça la maturité musicale pour un groupe de rock, mais alors que fait la grande majorité des autres groupes ? Entre les semi-ballades de Lou et les brulôts de Jason Loewenstein, l’équilibre est foutrement délectable : Tree et ses mélancoliques roulements de batterie en contrepoint de la voix de Lou, Flame et ses riffs garage, Love is stronger -une vraie chanson d’amour pour une Saint-Valentin underground, Decide et Drag down pour la déglingue, tout se conjugue pour qu’à la fin, on se dise : putain, c’est vraiment THE Sebadoh.