Serait-ce le premier chef-d’œuvre d’une année qui se doit d’être à la hauteur afin de rester dans les mémoires musicales ? Il est peut-être trop tôt (oh si peu !) pour y songer, mais nous tenons là une pièce d’ores et déjà maîtresse de ce début d’année sur l’échiquier musical de cette fin de siècle. Will Oldham, qui, espérons-le, ne nous fera pas le coup de « L’artiste- qui- s’appelait- Palace- puis- Palace- Brothers- puis- Palace- Songs- puis- Palace- Music- puis- Will- Oldham- (ou- me- trompe- je- dans- l’ordre- ?- mais- qui- préfère- maintenant- se- faire- appeler- Bonnie- « Prince » -Billy ») devient donc Bonnie « Prince » Billy (oui, le fameux qui ne comprend pas What’s wrong with the zoo ? total inédit dans la superbe B.O. expérimentale de Quelque chose d’organique). Et pour le plus grand bonheur de tous, il nous place comme ça une de ces mélodies imparables (A minor place, belle entrée en matière) qui rendent les gens plus heureux encore que la cigarette qui fait rire. A nouveau sur I see a darkness, Will Oldham nous livre des joyaux d’arrangements, notamment de la wha-wha très wha-wha quand on ne s’y attend pas (Death to everyone), mais sait aussi calmer le jeu d’un piano dépouillé (Knockturne), d’une caisse claire très claire (Today I was an evil one), d’une basse lourde du poids de la tristesse qui explose en rage contenue (I see a darkness) ou d’une guitare mélancolique (Black ou Nomadic revery à faire pleurer un ex-para maintenant au S.O. du F.N. !).
Last but not least, c’est surtout avec Another day full of dread que Bonnie « Prince » Billy nous fait un de ces cadeaux musicaux qui n’arrivent que rarement. Une preuve ? Il nous refait le coup du solo de guitare sur deux notes saturées à la Lou Reed dans Songs for Drella. Si c’est pas une preuve ça !