Les trois de Nada Surf ont failli être cramés, bousillés par le succès planétaire de Popular, le hit de leur précédent et premier album. Plusieurs centaines de milliers de singles vendus pour un groupe qu’on a trop vite assimilé à du sous-Nirvana, alors qu’il a simplement eu le malheur de « venir » à un moment ou l’on cherchait à tout prix un successeur à la troupe de Cobain. Heureusement, l’avalanche n’a pas suivi ce tonitruant coup de semonce -peut-être ont-ils su l’éviter en se retranchant dans le silence et l’invisibilité. Résultat des courses, pour n’avoir pas voulu jouer le jeu de la surenchère, Nada Surf est perçu comme un groupe sur le retour -alors que The Proximity effect est seulement un deuxième album-, désormais vaguement suspect pour « ne pas avoir eu les couilles » de surfer sur la vague de Popular. Oui, peut-être, mais les voila aujourd’hui avec un album de rock qui fait très fort, beaucoup plus homogène, carré des épaules mais véloce et souple.
Ils ont toujours ce sens inné des mélodies fortes, des guitares qui crissent, mais ils manient maintenant la pédale d’accélérateur avec une plus grande dextérité (Mother’s day ou Bacardi devraient salement cartonner, même si c’est l’également bon Firecracker qui a été choisi comme premier single). Et ils savent lever le pied à bon escient (Troublemaker, avec des harmonies en mineur qui rappelleront de bons souvenirs à ceux qui se souviennent du premier album des défunts Living in Texas), fonctionnant volontiers sur le mode de la nostalgie -pour les impressions musicales et les thèmes, pas dans les influences. Les Nada Surf sont un groupe jeune, bien de leur époque, et le fait qu’ils sachent faire sonner leurs guitares sans pédanterie ni académisme n’est pas la moindre de leurs qualités. Et ça fait du bien, de temps à autres, de n’entendre que de l’organique pur jus…