On aura attendu longtemps le premier album des Ecossais de Ganger, puisque Fore, sorti il y a maintenant plus d’un an, n’était qu’une compilation de leurs premiers singles -au demeurant remarquables (sur Vesuvius ouWurlitzer Jukebox). L’année écoulée leur aura été profitable, puisque qu’en dehors des changements de personnels, ils arrivent avec un tout nouveau son (dont l’une des principales caractéristiques est la présence de deux basses) qui leur sied à merveille.
Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, Ganger est tout sauf un groupe bourrin. Ils jonglent en finesse avec tout un tas d’influences et styles, et peuvent être comparés à leurs pays Mogwai pour les contrastes à l’intérieur d’un même morceau (même s’ils n’ont pas leur explosivité) ou aux maîtres Tortoise, pour leur goût des morceau alambiqués, aux structures apparemment flottantes. Ils sont également ouverts à la culture du remix (ils furent notamment liftés par Underdog), ce qui fait d’eux des jeunes gens parfaitement de leur temps.Dans l’ensemble, on pourra dire de Hammock Style qu’il sonne de façon beaucoup plus organique que leurs morceaux antérieurs, tout en gardant cette souplesse dans le poignet qui permet ces légères variations, ces jeux sur la tension dont Capo (south of caspian) est une parfait exemple. Car ce genre de subtile chirurgie n’est pas aisé à réaliser ; on a tôt fait de transformer les morceaux en bouillasse informe, et de prodigieusement emmerder l’auditeur. Certains, comme Mogwai ou Trans Am, ont recours aux cassures bien nettes, d’autres, comme Tortoise, procèdent par petites touches, en s’inspirant, structurellement parlant, du jazz. Ganger est à mi-chemin entre les deux manières, et même si musicalement, il est difficile de les rapprocher de qui que ce soit, des morceaux tels que First thing in the morning ou What happened to the king happened to me font penser au Sonic Youth récent, tendance instrumentale et contemplative. Ganger ne mise cependant pas autant sur l’énergie rock que les New Yorkais. Et c’est certainement là que réside leur force principale. Savoir naviguer entre deux eaux, et mener la barque à bon port.