Ruth, grand-mère veuve de 75 ans, vit seule dans sa maison près des dunes, dans la région de Sydney, avec ses chats. Tout va bien pour elle, à ceci près que la nuit dernière, vers quatre heures, elle a eu l’impression qu’un tigre avait pénétré dans sa maison. « Oh, Maman, se lamente son fils au téléphone, il n’y a aucun tigre. C’est soit un chat, soit un rêve ». Coup de chance, le lendemain matin débarque une certaine Frida, missionnée par la Sécu pour lui tenir compagnie et faire son ménage. Frida brique la maison, Frida nourrit les chats, Frida fait la conversation. Le frère de Frida, chauffeur de taxi, est bien utile pour conduire Ruth en ville. C’est bien simple : un jour, d’autorité, Frida s’installe carrément à domicile, histoire de veiller sur Ruth de jour comme de nuit. Et de faire en sorte que rien de ses affaires ne lui échappe…
Fiona McFarlane, la trentaine, a reçu beaucoup d’éloges pour ce premier roman en huis-clos qui lorgne du côté de Patricia Highsmith, avec un honnête scénario à base de manipulation, d’abus de confiance sur personnage âgée et de truanderie à la petite semaine. On se laisse d’abord volontiers prendre au jeu, avant d’être lentement douché par le rythme mollasson du récit, aussi plan-plan que l’existence de sa vieille dame d’héroïne. Le thème de la démence sénile est exploité sans grande originalité, et la relation exclusive entre Ruth et sa garde-vieillard, sans renforcer la dimension claustrophobique du livre, rend les rares personnages secondaires (la vieille copine, l’amant retrouvé, le fiston au bout du fil, etc.) un peu transparents. On pousse jusqu’au bout par politesse malgré tout, sans être sûr que le jeu en vaille la peine.