Du côté d’Angers, on a toujours féraillé dur, qu’il pleuve, qu’il vente et quel que soit le label sur lequel le disque sortait. Avec ce septième album, les Thugs ont certes franchi les portes d’une multinationale (Virgin), mais on s’inscrira en faux contre quiconque tentant de prouver que les Angevins aient mis de l’eau dans leur moteur à explosion. C’est encore du rock rebelle et furibard pour la plupart des titres (Henry’s back en tête).
Et quand un orgue à la Doors s’en mêle –Side by side– c’est sur des chapeaux de roue, toute retenue oubliée. Ce qui n’a pas changé, c’est la dimension épique qui se dégage de leurs morceaux, comme si Eric Sourice, tant avec sa voix qu’avec sa guitare, voulait nous persuader que de chaque titre dépend la bonne marche du monde (I was dreaming, Take me away, Defeated). Ca fait plaisir, un groupe qui n’a jamais renoncé à y croire, qui s’est toujours demené farouchement pour garder son indépendance, qui sortait ses albums aux Etats-Unis (sur Sub Pop) quand le rock franco-français était pratiquement dans l’impasse, et n’avait pas peur de s’y produire, aux côtés de la fine fleur des furieux locaux (Tad, Unsane ou Fugazi).
C’est pourquoi aujourd’hui encore leur rage sonne à nos oreilles avec quelque sincérité –Never work anymore, Ya basta, A chance, Il gruppetto. C’est encore mieux lorsqu’ils se permettent quelques écarts, comme avec le très inquiétant Soon, ou sur Les lendemains qui chantent, qu’on leur souhaitera bien sûr prophétique. En route pour la gloire ?