Mine de rien la PlayStation est toujours au cœur de l’actualité. Et avec des titres au caractère trempé dans l’acier comme Fear effect, elle n’est pas près d’en sortir ! Ce titre d’Eidos est, en toute simplicité mais avec beaucoup de paillettes, le premier dessin animé pleinement interactif. Pour vous dire, les Space ace et autres Dragon’s lair (reliques du genre éditées en DVD) n’étaient que de tristes ébauches ludiques en comparaison. Avec les classiques de Don Bluth (dessinateur chez Disney à l’origine, puis réalisateur des Fievel et de l’attendu Titan A.E., saga SF), le joueur devait simplement se contenter d’interagir au moment opportun dans l’action pour ne pas mourir. Ici, place à l’aventure, au sens ludique du terme. Vous devez, comme dans les autres titres du genre, ramasser différents objets afin de les utiliser dans l’environnement qui entoure les personnages. Sauf que dès que la progression de l’histoire le permet, à chaque action nouvelle, Fear effect se met à partir dans un déluge de cinématiques à couper la chique. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’indigestion polygonale ne nous guette pas ! L’intégration de ces scènes avec le reste du jeu est impeccable notamment grâce à la technique utilisée. Le tout ressemble à un gigantesque comics, aidé par sa 3D travestie, au rendu bd impeccable. L’action s’incruste dans un décor en FMV (Full motion video), procédé qui permet aux concepteurs d’éviter le côté statique inhérent aux planches 2D habituellement utilisées dans les Resident evil-like (gardien du temple de l’aventure/action). Rien ne correspond ici aux figures imposées à tel point que l’on pourrait croire que Fear effect prend un malin plaisir à systématiquement les violer. Son inspiration cinématographique prend dès l’intro brutalement le dessus.
En quelques minutes on comprend qu’il va falloir tenter de rattraper l’irrattrapable : la mort d’une jeune femme sacrifiée, au nom d’un démon, par une secte secrète. Mais chut, ce serait trop cruel que de vous dévoiler ce qui attend vos personnages (Hana, Glas et Deke que vous jouez à tour de rôle au rythme de vos découvertes). Quoi qu’il en soit, sachez tout de même qu’Hana et ses frères d’armes, détectives privés, se lancent à la recherche de Wee-Ming, fille d’une personnalité économique de premier plan dans la Nouvelle-Chine. Epoque trouble, tendance Blade runner, dominée par la violence, les milices privées… A peine vos recherches commencées, vous comprenez que pour la santé des héros, il n’aurait pas fallu se lancer sur les traces de cette énigmatique et mystérieuse Wee-Ming, même pour plusieurs millions de dollars… Les morceaux de bravoure s’enchaînent à une vitesse ahurissante ne vous laissant que de très rares moments de répit. Entre la secte et les hommes de Lam, appuyés par une aussi sulfureuse que diabolique madame Chen, Fear effect prend rapidement l’allure d’un Metal gear solid. Si parfois la panoplie du serial-commando s’avère largement suffisante pour se débarrasser d’unités entières (flingues et pistolets mitrailleurs -un dans chaque main-, fusil d’assaut, mini-canon…), vous devez le plus souvent vous déplacer discrètement pour frapper efficacement l’ennemi le plus discrètement du monde (chaque personnage a son arme de poing : couteau, matraque et poing américain). Il ne faut jamais hésiter à se coller au plus près de sa future victime, d’abord pour qu’elle sente le souffle de la mort et, surtout, parce le coup porté sera bien plus radical. Au pire, si jamais vous êtes repéré, reste la technique du roulé-boulé d’acharné qui permet de frapper sans être touché.
Un bémol pour finir : du fait de l’importance donnée aux effets de mise en scène et du nombre incalculable de cinématiques, il reste peu de place pour l’action sur les 4 CD de Fear effect et sa courte durée de vie risque de frustrer plus d’un joueur : 2h30 lorsqu’on connaît le jeu par cœur et que l’on sait esquiver les pièges. Notez bien que c’est tout de même plus long qu’un film. Pourquoi donc se priver d’un jeu qui apporte autant de trouvailles graphiques et de nouveautés scénaristiques à en perdre un bras (comprendront ceux qui se seront risqués sur Fear effect)…