Drakan est un jeu fort sympathique, et ce, pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’à l’inverse de son concurrent ultra-direct, Tomb raider, celui-ci joue la discrétion, et donc la surprise. On a bien sûr pu apprécier les premières présentations du soft au dernier E3 de Los Angeles, mais pas question de brandir et souffler les trompettes pour annoncer l’arrivée de la donzelle virtuelle que l’on incarne ici, Rynn. Physiquement, celle-ci n’a franchement rien à envier à l’égérie des pubs Seat. On n’ira pas jusqu’à faire la comparaison des poitrines, mais il semble à vue d’œil que Rynn ait les mamelons un tantinet plus en chair. Passons. Comme Lara Croft, la miss est plutôt du genre téméraire et bourre-pifs à tout-va. Sur Drakan, monde de brutes, c’est pas du luxe. D’autant que les choses s’enveniment : une horde de Wartoks vient de mettre en miette le village de Rynn, décimant la populace à coups de haches et de massues. Partie cueillir les pâquerettes (quoi d’autre ?) avec Delon (!?), son frère cadet, la belle tombe nez à nez sur un groupe de Wartocks qui kidnappe le frangin. Un peu colère, Rynn rejoint fissa le village, et constate les dégâts… Par chance, Atimar, le prêtre et scribe vénéré du village, a tout juste le temps de lui révéler avant de succomber que l’infâme Navaros a livré Drakan aux forces maléfiques. Pour le vaincre, il faut s’adjoindre l’aide du dragon Arokh, mais d’abord, le réveiller de son somme de plusieurs siècles dans le temple de l’Ordre de la flamme.
Arokh, c’est l’autre spécificité du jeu qui fait tout son intérêt. Dès le deuxième niveau -considérez le premier comme une espèce de tutorial-, vous contrôlez le dragon rouge quand Rynn le chevauche. Terrible sensation de liberté lorsque vous survolez les reliefs abruptes dans ce canyon aux pics glacés. Le « pilotage » peut déconcerter le joueur dans les premiers instants, mais on s’y fait vite. Pensez donc : quelle joie d’exécuter des loopings avec un dragon ! Entendons-nous bien : le gros de l’aventure consiste en un Tomb raider-like des plus classiques. Rynn ne peut compter sur Arokh qu’en extérieur ou dans quelques larges cavités. D’ailleurs, parfois, rien ne sera plus efficace que le souffle enflammé du dragon pour déblayer l’entrée d’une grotte infestée de Wartocks. Seulement la belle devra affronter en solo les traquenards et les créatures ennemies. Vous attendent effectivement une série de pièges aux mécanismes plus ou moins alambiqués, de gentils puzzles et autres obstacles qui font appel tantôt à votre agilité -Rynn excelle en gymnastique au sol : flip à gauche, à droite, galipettes, sauts périlleux arrière…-, à la réflexion ou encore à un subtil mix de challenges physiques et intellectuels. Le bestiaire de Drakan n’est pas en reste. Outre ces faces de sangliers que sont les Wartoks, on a affaire à des charognards, à des araignées géantes, des orques, des succubis (sorte de nymphettes aillées qui vous envoûtent) et des dragons -Arokh est rarement peinard dans les airs, c ‘est vrai. Chacune des mini-quêtes fourmillent de bonus en tous genres, d’armes et d’armures -l’utilisation d’un arc est vivement recommandé, mais sachez économiser les flèches, rares et, de fait, précieuses- et d’objets magiques (cristaux, runes…).
Au fond, mis à part cette joyeuseté qu’est la possibilité de pouvoir piloter un dragon, Drakan ne brille pas par son originalité. Qu’importe, le jeu est réussi à tous les niveaux : graphismes impeccables, sons et musiques respectables (Arokh et Rynn tapent régulièrement la discute, très sympa), interface de jeu et maniabilité des protagonistes commodes et efficaces. Une bonne surprise qui vous tiendra probablement en haleine une bonne dizaine d’heures au bas mot.
Mais Lara Croft nous revient dans une toute nouvelle épopée ludique dès le mois prochain (Tomb raider IV, la révélation finale). Eidos, l’éditeur fort en gueule et en matraquages marketeux, annonce une révolution. Affaire à suivre.