Le FPS militaire serait-il au bout du rouleau ? Les ventes de Call ofdéçoivent. Celles de Battlefield 4ne sont guère mieux. Les nouvelles consoles vont-elles redonner un coup de fouet au genre multi-millionnaire d’une génération de machines en fin de vie ? Drôle de transition, le cul entre deux chaises, d’une technologie à l’autre, pour un genre qui à force de tirer sur la corde ne sait plus trop quoi faire pour se renouveler. Qui plus est dans un contexte de guerre moderne dont l’époque, et pas seulement le jeu vidéo, commence à vraiment ressentir l’écœurement.
En dépit de cette petite déprime, on a toutefois un faible pour Battlefield. Allez savoir, mais ce n’est pas tant que pour la force de son multijoueur, ici décuplée voire sublimée par l’introduction d’événements ordinairement vus dans le solo, que son esthétique. Si, bien plus encore que dans l’épisode précédent, le mode campagne est ici à la limite de l’indigence : IA versatile, rythme brouillon, héros inexistant, intrigue débile presqueincompréhensible, on continue malgré tout d’admirer le travail accompli par Dice. Le studio suédois, qu’on sait désormais en train de plancher sur un nouveau Mirror’s Edge(la bonne nouvelle), apporte à chaque fois cette touche si spécifique. Ce mélange d’ultra-réalisme et de futurisme, passant par le travail sur les lumières, usant toujours à foison des flares et autres effets optiques. Ou encore les couleurs, plaquant des teintes artificielles, irisées, presque oniriques, sur des objets ou décors à l’aspect ultra détaillés. Il y a une griffe Dice. Désignée avec un vrai souci d’identité. Non qu’elle donne un supplément d’âme au jeu, comparé à un Call of, mais au moins souligne son ambition graphique. En lui donnant une plus grande personnalité. Ce qui, curieusement, dans un jeu multipliant les effets de sensation en jouant malicieusement avec la vue subjective, fini même par rendre tout ce faux réalisme guerrier aussi inoffensif que fascinant, voire même un peu séduisant.
L’essentiel est bien sûr ailleurs : dans le panel des situations, le choix des armes ou des véhicules, la solidité du gameplay avec ses nombreuses variantes, ce multijoueur qui est une vraie machine à créer des moments soufflant de solidarité devant la tempête. En générant des situations catastrophes, tels que l’effondrement king size du décor, le jeu permet de reconfigurer les parties en cours et donner plus d’ampleur aux escarmouches. Après tout, Battlefieldn’est pas un champ de bataille pour rien, construit sur des cartes solides, vastes, variées. Même dans le ride de son mode campagne, avec ses scripts parfois sympathiques, avouons-le (ces structures démesurées se brisant en deux sous nos pieds), ce sens du level design transparaît. Si le genre devait fatalement rentrer un jour dans le creux de la vague, on a sûrement pas non plus fini de jouer à la guéguerre. Et Dice lui dresse toujours aussi bien la gueule.