Un poney reproduit sur du papier millimétré. Ce fut notre premier contact avec l’univers bricolé et intimiste de Lispector, jeune française habitant à New York. Ce fameux poney orne la pochette de Human problems and how to solve them ?, enregistré en solitaire à la maison, un premier album qui rappelle tout aussi bien Kim que Justin Vollmar, Lois, Catpower ou bien encore les vénérables Supreme Dicks. Entretien avec Julie.
Chronic’art : Quand as-tu commencé à enregistrer tes morceaux sur quatre pistes ?
Julie : J’ai commencé en octobre 1996.
Quelles ont été les influences fondatrices ?
Sonic Youth, le Velvet Underground, PJ Harvey, Beck, Beat Happening et puis beaucoup de musique anglo-saxonne.
Tes débuts musicaux ?
Quelques années de cours de piano avec Mme Derex quand j’étais encore a l’école primaire, puis au collège…
Joues-tu d’autres instruments que de la guitare et du clavier ?
Je me suis mise au mélodica il y a quelques mois.
Quelle est l’importance de ton environnement new-yorkais sur ta musique ?
Difficile à dire. J’ai un peu moins de mètres carrés pour travailler… A part ça, je suppose que vivre à New York m’a motivé pour créer mon propre label et essayer de diffuser ma musique moi-même.
Le fait de quitter la France a t-il eu une incidence sur le fait de chanter et d’écrire en anglais ?
Non. J’ai toujours chanté et écrit en anglais.
Faisais-tu déjà de la musique avant de vivre à NYC ?
J’habite à New York depuis un peu plus d’un an, et Human problems and how to solve them ? a été principalement enregistré en France, à part un titre ou deux.
Le quatre/huit pistes est-il fondamental pour toi ? Est-ce une fin ou un moyen ?
Pour le moment, c’est une fin et un moyen, car il n’y a personne à consulter grâce à ce médium et j’aime bien ce côté solitaire de l’enregistrement à la maison. Et à choisir entre acheter un magnéto 8 pistes ou payer quelques heures d’enregistrement en studio, je n’ai pas hésité une seconde.
Tes paroles sont quelque peu désabusées, jolies et brautiganiennes. Ecris-tu autre chose que des chansons de chambre ?
Même lorsque j’essaie de faire une chanson à la Beastie Boys, elle finit toujours par sonner davantage comme du Françoise Hardy. Ca doit venir de ma boîte à rythme…
Quel est ton rapport à l’écriture et à la littérature ?
Je n’ai jamais écrit quoi que ce soit en dehors de mes paroles, et même si j’aime la littérature, je ne lis pas tant que ça. La plupart du temps, j’écris les paroles après avoir enregistré la musique. C’est un travail plutôt inconscient. Je me laisse aller pour voir où ça me mène, et puis ensuite je retravaille le tout. Ca me demande parfois pas mal d’efforts…
Joues-tu ailleurs que dans ta chambre ? Sur scène ou en studio ?
J’ai fait quelques minuscules concerts dans des galeries et dans des petits bars, toute seule et puis avec d’autres groupes. Mais pour le moment, jouer sur scène n’est pas vraiment une priorité. Et en ce qui concerne le studio, ça m’intéresserait mais je n’ai pas les moyens actuellement.
N’as-tu pas peur des étiquettes songwriter/fille/lo-fi ?
Ca ne me dérange pas d’être considérée comme étant lo-fi. J’aime beaucoup les enregistrements 4 et 8 pistes d’une manière générale. Et puis les étiquettes sont a peu près inévitables de toute manière…
Te sens-tu proche de cet écrivain brésilien Clarisse Lispector ou bien d’autres artistes comme Lois, Kim, Catpower ou les Supreme Dicks ?
Je me sens proche du style abstrait et parfois absurde de Clarisse Lispector. Elle reste un de mes écrivains favoris avec JD Salinger et Virginia Woolf. Je n’ai jamais été fan de Lois. Je possède un de ses disques, mais je dois admettre que je ne l’écoute pas très souvent. Par contre j’aime beaucoup Catpower, mais je ne me sens pas super proche de son travail, et puis je suis loin d’avoir sa voix. En ce qui concerne Kim, je suis presque fan. J’apprécie depuis longtemps sa démarche musicale. Je ne connais pas les Supreme Dicks.
As-tu des projets de collaboration ou d’enregistrements avec d‘autres artistes ?
J’ai pas mal travaillé avec d’autres petits groupes l’année dernière, et j’en ai conclu qu’il m’était difficile de collaborer avec les autres. J’ai toujours l’impression d’être un peu malmenée. J’ai notamment chanté sur quelques chansons avec un groupe électronique new-yorkais l’année dernière, et ce fut beaucoup de répétitions et pas assez de liberté.
Que comptes-tu publier sur Pony Tail et que comptes-tu faire de ces centaines de chansons que tu as enregistré ?
Ca fait environ un an que j’essaie de mettre sur pied une compilation, et ça se concrétise petit a petit. Sinon, je travaille depuis quelques mois sur mon deuxième album. En ce qui concerne « ces centaines de chansons », je compte en rassembler une vingtaine, les remixer, et puis essayer d’en faire quelque chose, mais tout ça prend beaucoup de temps. Le reste de mes enregistrements n’est pas d’une qualité impressionnante, et ne mérite donc pas d’être publié.
Human problems… représente-t-il un aboutissement personnel ou simplement une étape musicale ?
Les deux. C’est à la fois un aboutissement personnel parce que ça fait un moment que je confectionnais des cassettes pour des copains. De plus, Human problems…est plus largement écouté et distribué que tout ce que j’avais pu faire par le passé.
Lire notre chronique de Human problems and how to solve them ?