The Hives est un groupe suédois, qui écume les bars garage-punk européens depuis 1996. Alan Mc Gee de Poptones a sorti un best of du groupe sur la seule foi du clip dingue de « Hate to say I told you so », sorte de « My génération » des Who, mais avec un gros son hard-rock.
Nicolaus Arson (guitar) : J’adore les Who, ils ont fait des chansons très étranges, comme The Substitute. C’est vrai qu’on a écouté les Sonics ou les Stooges, mais c’était des groupes qui annonçaient le punk anglais et américain des années 70. Notre culture vient plus de là : les Damned, les Sex Pistols, les Buzzcocks en Angleterre ; ou les Dead Kennedys, les Circle Jerks, les Didjits aux Etats-Unis…
Chronic’art : Votre musique semble pourtant très influencée par le passé. Vous chantez : »I liked the way that things were going, I don’t like the way they’re going now ».
Non, c’est d’abord une chanson sur le fait de s’amuser, de boire un verre. On n’est pas nostalgique, on écoute beaucoup de musique d’aujourd’hui. La musique du passé nous a influencés évidemment, mais on n’a pas l’impression de faire une musique passéiste ou nostalgique.
Quelles seraient les autres influences de The Hives, extra-musicales ?
Orange mécanique de Kubrick a pu nous influencer, pour certaines chansons et pour notre look, mais ca s’est plus fait par l’intermédiaire des Addicts, qui reprenaient déjà cette imagerie. On aime bien le look des droogs dans le film. La chanson Automatic schmuck sur notre album est plus inspirée par Le Meilleur des mondes ou 1984.
Certaines chansons sont très critiques vis-à-vis du monde du travail, des grandes compagnies…
Tout tourne autour de l’argent de nos jours. Les grandes compagnies sont actives partout dans le monde. On essaye de parler de ça. On est assez lucide à propos du pouvoir de l’argent dans la société d’aujourd’hui. On a aussi participé à quelques concerts anti-racisme. Pourtant, The Hives n’est pas un groupe politique, comme International Noise Conspiracy par exemple, qui sont sur le même label que nous. On aime simplement jouer du rock’n’roll, faire des concerts et rester concentrés sur la musique.
Votre musique est assez violente. Ca peut être un programme politique ?
Les gens disent qu’on est violent. Peut-être que vus de l’extérieur, tous ces gens qui sautent dans tous les sens pendant les concerts peuvent effectivement paraître violents, mais pour nous c’est juste du fun, de l’énergie, surtout pas négative. Plutôt une invitation à s’amuser. Le très bon rock doit être un mélange de vrai génie et de pure stupidité, et, majoritairement, nos chansons tournent autour de cette idée. a.k.a. i-d-i-o-t ou Untutored youth, par exemple. On peut avoir l’air parfaitement idiot ou violent, mais si les gens vont voir un peu plus loin, on est peut-être des gens très intelligents.
Que pensez-vous de la hype soudaine qui entoure The Hives ?
Toute cette hype autour de nous ou des Strokes, c’est juste le « goût du jour », parce que le NME nous aime bien, c’est tout. Mais sans ça, on ferait la même chose que d’habitude de toute façon. Enregistrer, tourner… Là, au lieu de tourner en Europe, on tourne aux Etats-Unis, et on en est très heureux. Le seul problème, aujourd’hui, c’est qu’on on a moins de temps libre. Mais sinon, ça fait tellement longtemps qu’on fait de la musique qu’on se fout un peu de la mode autour de nous. Je crois que Steve Albini a dit un jour que si on faisait vraiment un bon disque, les gens iraient l’acheter même à la station service du coin. La hype fait vendre du papier avant tout.
Certaines chansons fonctionnent comme des mises en abîme de votre succès actuel. Vous y parlez déjà de la célébrité…
Oui, c’est vrai, mais ce n’était pas intentionnel. On n’avait jamais imaginé avoir ce succès-là quand on les écrivait, on faisait simplement des chansons dont le thème était, entre autres, la célébrité. On voyait ça de l’autre côté de la barrière. En fait, ce sont des lyrics un peu à la manière du funk ou du rap : « Je suis le meilleur et j’emmerde tout le monde ». Il ne s’agit pas vraiment de croyance ou de prophétie relative à notre future popularité…
Propos recueillis par
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Retrouvez également l’interview de The Hives ainsi que notre dossier « Le Réac’ Rock » dans Chronic’art #3, toujours en kiosque