Pour la deuxième journée du festival, le groove était de rigueur, alternant le pire et le meilleur. Premières gouttes de pluie sur Rennes, mondanités sans prétentions et vitamine C.
Dans l’attente de mon compère Etienne Greib qui doit me rejoindre pour cette fin de festival, je me sens un peu seul au bar VIP. Benoît de Mains d’Oeuvres semble très occupé et Marie Pierre Bonniol du Nouveau Casino fait des relations publiques. Après mon interview de Mouloud, sympathique jeune groupe electro bordelais, en concert à l’Antipode (lire notre interview), je tombe sur Samuel et Jean Vic, de l’excellent fanzine Planet of sound, qui trépignent à la recherche d’un gîte pour la nuit, dans l’espace média. Je leur propose de partager ma chambre twin pour ce soir. On pose les bagages à l’hôtel et on va manger une crêpe dans le vieux Rennes. Aucun client dans la crêperie, on se met devant la fenêtre sur les recommandations de la gérante, pour faire venir les clients. Au demeurant, excellente crêperie (La Rozell, 14 rue de Penhoët, ouverte depuis deux mois). Jean Vic me raconte sa conversation du matin avec un journaliste d’un très connu quotidien parisien, à propos de Bobby Conn, une des vraies stars de la programmation. L’attaché de presse de Notwist lui disait : « Mais si A., souviens-toi, on a vu Bobby Conn ensemble en première partie des Thugs il y a quelques années ! Tu m’as même dit qu’après un mec comme ça, les Thugs allaient avoir du mal à assurer ». Mais ça ne revenait toujours pas à A. : « Non, non , je ne vois pas. T’es sûr ? ». « Mais oui, même qu’après, on est allé au restaurant, et Bobby Conn, eh bien, il était assis juste en face de toi ». « Ah bon ? Ah mais ouiiiiiii, maintenant que tu me le dis, je me souviens très bien du restaurant ! Ils servaient des quiches aux champignons excellentes ? C’est ça ? »… Voilà où en est rendu la critique rock française (à noter également l’interview de Philippe M., critique rock bien connu depuis 20 ans, dans le supplément télé de Ouest-France, à propos de Mick Jagger. En titre : « Ils m’ont changé mon Mick » -sic…).
Bref. Avec tout ça, on rate Novela au bistrot de la Cité et plein d’autres trucs sans doute très intéressants dans les sites officiels : Bobby Hardcore Liberace, Axel Kygiel, Cleveland Watkiss, Bauchklang… De toute façon, les choses sérieuse ne commencent que demain. Ce soir, c’est mise en jambes avant big party. On ira voir US3 avec dégoût : leur funk de Philadelphie gonflé aux hormones de samples de pubs TV est baveux à souhait, genre grosse production pleine de bonne humeur et de positive attitude (« peace on earth !! » nous entend-t-on répéter avec obscénité). Evidemment, la foule est transportée, le groupe acclamé. C’était un peu la tête d’affiche de la soirée, et la plupart des gens s’en iront gentiment dans leur lit après ça.
Ils n’y perdront pas au change. Tandis que Samuel hante les backstage (il a un pass « all access » miraculeux) à la recherche d’hypothétiques bières, on s’ennuie ferme au Liberté haut, en écoutant Psycho on da Bus, projet pourtant alléchant réunissant le légendaire batteur nigérian Tonuy Allen, l’auteur compositeur ivoirien Cesar Anot, le claviériste caraïbéen Jean-Phi Dary, l’irlandais Doctor L. et le guitariste parisien Jeff Kellner. Comme je ne lis pas Vibrations, je me fais chier. C’est du jazz rock, quoi. De la technique et peu de sentiments. Je regarde Jean-Vic, qui n’arrête pas de tourner la tête à droite à gauche. Je lui demande s’il cherche quelqu’un. Il me répond « Non, je regarde s’il y a des filles ». Je crois qu’il a oublié qu’on était trois dans la chambre ce soir. Et en guise de fille, il dormira par terre dans son sac de couchage.
Je redescend écouter la sélection groove-dub des excellents DJs du label Soul jazz records (en interview demain dans ces colonnes), avant l’arrivée en scène des Ugly Duckling, groupe de hip hop de Long Beach, qui se prennent un four en haranguant une foule clairsemée et complètement bourrée qui n’a même plus la force d’applaudir leur arrivée. Leur hip hop résolument old school sent mauvais la nostalgie périmée, et seul le caractère festif et enjoué de leur enthousiasme surjoué parvient à leur sauver un peu la mise. Mais le public s’en fout. Il applaudit mollement en pensant à sa couette.
On se rabat alors sur le Liberté Haut, en attendant Röyksopp, révélation electro norvégienne de cette fin d’année. Le Dj passe Warm Leatherette des Normals et une version electro inconnue de Wild thing et nous prend l’envie de danser un peu, mais comme tout le monde est mou, on s’arrête vite. Finalement Torbjorn Brundtland et Svein Berge se collent à leurs machines pour le set le « moins pire » selon l’avis général, de la soirée. Des nappes synthétiques sur des beats martiaux, des loops rigolotes de jeux vidéos, des montées d’accords mineurs sur des sirènes electro, quelques lyrics rendus indistincts par des vocodeurs omniprésents, Röyskopp convainc par dépit. Entre pop électronique et techno amusante, les compositions oscillent entre les Chemical Brothers et Proppelerheads, l’élément visuel de Trobjorn frappant sur une batterie électronique finit de plier la soirée.
Il est bientôt 4 heures, restent Shalark et Zero db, mais on est fatigué et demain sera épique. Je discute un peu avec David, de Zbench Communication, qui vient de créer une nouvelle boîte intitulée « Ok-boss », visant à intégrer les relations humaines dans le marketing. Je lui dis que toute notre conversation est donc du marketing en lui piquant un Daim. Vincent Brunner me serre à moitié la main. On rentre mater la victoire d’Escudé sur Hewitt, en écoutant Pour le plaisir d’Herbert Léonard et « Au bal » de la Compagnie Créole qui, il faut bien le dire, sont les deux chansons préférées du responsable Livres de Chronic’art, Oliver Rohe, dont j’ai emporté l’i-Book avec moi. Bonne nuit.
Les Trans 2001, vous y étiez, vous n’y étiez pas. Qu’importe, réagissez sur le forum de Chronic’art…
Lire :
le compte-rendu du 28.11.01
le compte-rendu du 30.11.01
le compte-rendu du 01/02.12.01