Matt Groening, le papa des Simpsons, s’est lancé dans un nouveau projet : Futurama. On reconnaît bien vite la patte et la verve du dessinateur, dans le trait comme dans le ton sarcastique et l’humour corrosif de sa série phare. Quoi de neuf sinon ? Nous voici en l’an 3000…
Il y a plus d’une dizaine d’années maintenant, un jeune dessinateur de comics américain reçut une commande pour adapter sa bande dessinée, La Vie c’est l’enfer, en série TV. Il prit alors l’initiative de transformer ses personnages -une meute de lapins blancs aux yeux globuleux- en une famille américaine moyenne… Les Simpsons étaient nés. Leur créateur était loin de se douter qu’il venait de mettre au monde l’une des plus magistrales séries animées de toute l’histoire de la télévision… Derrière un irrésistible sens de l’humour s’amorçait déjà une violente critique du rêve américain, du modèle familial et de notre mode de vie occidental. Ces armes ont forgé le succès extraordinaire de la série, la rendant ainsi quasi immortelle. Aujourd’hui encore, elle continue à faire effet et ne cesse de nous étonner en se renouvelant constamment. Mais parallèlement Matt Groening se lance dans ce tout nouveau projet, Futurama. Avec ce dessin animé de science-fiction corrosive, le réalisateur continue à sonder la société actuelle, en imaginant ce qu’elle pourrait devenir dans un avenir lointain. Il ne se prive d’ailleurs pas de déverser son sens de l’humour sarcastique. En gros : le décor a changé, les personnages ne sont plus les mêmes, mais la verve est aussi identifiable…
Par un sordide concours de circonstances, Fry, un jeune livreur de pizza new-yorkais, se fait congeler à la veille de l’an 2000 pour ne se réveiller qu’un bon millier d’années plus tard. Loser sans aucun avenir dans son temps, ce dernier se réjouit de pouvoir repartir sur d’autres bases, grâce à cette toute nouvelle vie. Après avoir fait la rencontre d’une jeune cyclope nommée Leela et d’un robot alcoolique (par moments pervers et kleptomane) du nom de Bender, il s’embarque avec ces nouveaux compagnons dans une entreprise de transport interplanétaire, pour devenir… livreur. Dans ce nouvel univers loufoque -qui regorge de références aux œuvres majeures du cinéma et de la littérature SF-, beaucoup d’éléments rappellent étrangement Les Simpsons. Springfield semble elle-même avoir été transposée en l’an 3000. Nous avons donc affaire à des personnages similaires, mais qui profitent d’un confort technologique bien plus avancé et vivent au sein d’une société de consommation surdéveloppée. Groening s’en donne à cœur joie pour mitrailler -d’un autre angle- les bonnes vieilles cibles sur lesquelles il s’était déjà défoulé plusieurs années durant.
Avec sa première série, le réalisateur s’était par exemple maintes fois amusé à ridiculiser Disney, notamment en parodiant leurs parcs d’attractions. Ici, il poursuit le travail, en nous offrant une séquence dans un Luna Park, sorte de Disneyland installé sur la Lune. Les attractions éducatives défigurent l’histoire de la conquête spatiale, pour finalement se transformer en une sorte de campagne publicitaire renvoyant aux autres attractions du parc (non éducatives, elles). Matt Groening ne se prive d’ailleurs pas de nous dévoiler les sordides coulisses de l’usine à rêves -en contraste avec l’atmosphère régnant dans les rues du Luna Park… L’humour noir, lui aussi, est au rendez-vous ; comme lors de cette séquence où Fry et Leela s’enfuient du Park pour se perdre sur la Lune. En fin de course, au beau milieu du sable et des cratères, la jeune cyclope annonce alors : « Nous avons en réserve suffisamment d’oxygène pour pouvoir mourir de faim. » Le réalisateur nous livre ici un cynisme délicieux et purement gratuit, sous une forme assez inattendue à laquelle il ne nous avait assez peu habitués auparavant. Autre exemple : dans Les Simpsons, Groening s’amusait sans cesse à représenter les officiers de police comme de gros flemmards bedonnants, incapables et simples d’esprit. Dans Futurama, leur nature est relativement différente. Ce sont des robots, bien plus énergiques et en meilleure condition physique donc, mais ils restent programmés pour tabasser tout individu désobéissant aux ordres. Un détail qui démontre bien que, dans cette série, que les évolutions de notre société sont purement techniques…
Les trois premiers épisodes de Futurama que nous avons pu voir laissent donc présager l’arrivée d’un nouveau petit bijou de l’animation. Nous n’avons d’ailleurs évoqué ici leurs qualités techniques… Disons simplement que le résultat visuel est absolument splendide (dessins et animation virtuelle s’y mêlent parfaitement). Espérons maintenant que la production de cette série ne se fera pas au détriment de celle des Simpsons qui, encore aujourd’hui, semblent toujours avoir beaucoup de choses à dire…
Première diffusion en France sur Canal +, samedi 11 mars à 18h00 (en clair)
Futurama sur la Toile :
http://cgef.sweeetnet.com/ (immanquable !)
http://www.futuramaoutlet.com/
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http://www.m1ckey.co.uk/futurama/
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http://www.wired.com/wired/archive/7.02/
http://homepages.nat.fr/~jorionpi/futurama/futurama.htm (français)
http://le-village.ifrance.com/simpsonszone/ (français)
http://www.multimania.com/pow0/Futurama.htm (français)
Matt Groening sur la Toile :
http://le-village.ifrance.com/midis/simpsons/Matt/Matt.htm (français)
http://mrshowbiz.go.com/people/mattgroening/
http://www.jungle.net/shocker/smatt1.htm
http://www.mich.com/~drhanna/mgstory.htm
http://www.toolboxdesign.com/simpsons/mattgroening.html