Adapté d’une pièce de théâtre de Paul Rudnick (le scénariste du récent In and Out), Jeffrey raconte l’histoire d’un jeune acteur homosexuel new-yorkais qui, excédé par toutes les complications que la menace du sida fait planer sur sa sexualité, décide de renoncer définitivement au sexe. Son « abstinence » est alors rapidement remise en cause par sa rencontre avec Steve, »le grand amour de sa vie », mais malheureusement atteint de séropositivité…
Après Jeanne et le garçon formidable, voici une nouvelle comédie qui traite de ce fléau fin de siècle qu’est le sida. Réalisé il y a près de trois ans par le cinéaste Christopher Ashley, Jeffrey se démarque du film français tout d’abord par le point de vue adopté (ici celui du « milieu » homosexuel), mais surtout par un traitement humoristique de la maladie et des angoisses qui en découlent. Il y a donc, de la part du réalisateur, une volonté affirmée de raconter cette histoire sur le ton de la légèreté. Légèreté qui se retrouve dans la représentation d’un New York coloré, légèreté des seconds rôles tous totalement hilarants (à voir principalement Sigourney Weaver qui campe une psychiatre « de choc », et Patrick Stewart dans la caricature du « gay new-yorkais moyen »), légèreté enfin du personnage principal interprété avec fantaisie et sensibilité par le comédien Steve Weber. Le spectateur assiste ainsi aux « tribulations psychologiques » de cet homosexuel, fou amoureux d’un séropositif (Michael T.Weiss, le « caméléon » du samedi soir sur M6), mais terrorisé dans l’optique d’une contamination.
Ce qui aurait pu être une réflexion sérieuse et ennuyeuse sur l’appréhension de la maladie va alors devenir une comédie traversée par de purs instants burlesques, telles les multiples interventions de mère Thérésa, qui ne laisse toutefois pas échapper, bien au contraire, le caractère totalement dramatique du sujet. Le message est simple : il s’agit ici d’un hymne à la vie et non d’une lamentation sur la mort. Reste que la caricature du milieu gay, même si elle se joue des stéréotypes en les utilisant pour mieux les contourner, s’avère rapidement énervante du fait de l’hystérie de ses protagonistes. Jeffrey s’avère donc être un film inégal qui tire sa puissance de la fraîcheur du ton utilisé pour parler d’un sujet d’une telle gravité, mais qui pèche par son surplus d’énergi, lassant finalement le spectateur. Le réalisateur réussit néanmoins son pari en affrontant avec humour la tragédie du sida.