A l’heure où des artistes comme Air, Daft Punk et autres Etienne de Crécy s’accaparent la vedette et donnent à l’étranger une image faussement représentative de nos productions nationales, le label Noise MuseuM réussit à produire depuis quelques années une musique hors des sentiers battus. Celle-ci fait partie d’une avant-garde prometteuse faisant, qu’on le veuille où non, avancer les choses en terme de création musicale… L’ occasion pour nous de vous présenter cet autre versant de la scène électronique française.
A la tête de la structure, on trouve en fait Yann Farcy, fondateur dans les années 80 du label L’Invitation Au Suicide, grâce auquel ont pu voir le jour quelques groupes mythiques comme Christian Death ou Virgin Prunes… C’est en 1995 que celui-ci décide de créer, en parallèle d’un festival qu’il organise, un label principalement consacré aux musiques expérimentales. « C’est un peu le hasard qui est à l’origine de Noise MuseuM. Au départ, j’avais juste l’intention d’enregistrer un disque en rapport avec le festival des Musiques ultimes de Nevers que j’organisais. Et puis, j’en ai enregistré d’autres, mais toujours de manière très ludique. » En 1997, le label se fait véritablement connaître, en créant deux subdivisions nommées Oblique Soundscapes et The Sound Escape. La première est dédiée à l’electronica, et c’est sous celle-ci que voient le jour les plus sombres des albums du label (des œuvres de Celluloïd Mata, Dither, electroniCat…) ; l’autre regroupe des productions plus post-rock (comme Photosphere, premier album de Micro:mega, à écouter absolument !). Au fil du temps, cette barrière tend à s’effacer, comme l’a laissé entendre Yann Farcy : « Les frontières deviennent tellement minces entre un genre et un autre que je pense dorénavant tout regrouper sous la simple étiquette de Noise MuseuM Records, qui pourra aller de l’électroacoustique à l’industriel, en passant par le post-rock ou des choses plus ambient ».
A l’époque, la reconnaissance venait principalement d’outre-Atlantique. Depuis la signature chez Naïve, au début de l’année, la diffusion des disques de NM se fait beaucoup plus largement et on a pu profiter d’une réédition d’un grand nombre de disques du label. C’est ça qui a permis au label de faire parler de lui, autant sur notre territoire que dans les pays voisins. Quelques artistes étrangers ont depuis intégré l’écurie, comme l’anglais James Plotkin (sous le nom de Romance), Roger Rotor (Suisse), ou le DJ américain Black Sifichi. Mais l’atout principal du label réside dans la production de jeunes artistes français. Véritable chasseur de talents, on doit à Yann Farcy la découverte de pointures comme Celluloïd Mata (electro-extrémiste de pointe, reconnu par beaucoup comme une référence) ou electroniCat (dont l’album peut être décrit comme un voyage au pays de la saturation et des basses fréquences)…
Tout aussi talentueux, Sylvain Chauveau et Fred Luneau de Micro:mega ont récemment sorti leur premier album, Photosphere. Mêlant instruments classiques et sonorités électroniques de manière subtile, le duo nous fait découvrir ses univers sonores mélancoliques d’une beauté poignante…
« J’essaie de produire des gens qui entreprennent une recherche sur le son, qui ont une démarche intelligente vis-à-vis de leur musique. Ensuite, qu’importe le genre dans lequel ils officient ». De moins en moins confidentiel, Noise MuseuM paraît être en bonne voie pour devenir une des références de la musique électronique française underground. A l’écart de la french touch et de toutes les niaiseries qui gravitent autour, une autre scène -bien plus prolifique- continue donc à évoluer. Comme quoi il n’est pas nécessaire de se toucher pour faire de l’electro française…
Noise MuseuM :
http://www.zone51.com/noisemuseum