Après avoir étéprésenté avec succès dans de nombreux festivals en 96, Fire, arrive aujourd’hui en salles et devrait réchauffer notre hiver. Deepa Mehta nous dépeint la vie d’une famille de New Delhi qui se partage le premier étage de la maison familiale sous le regard sévère de Biji, gardienne des traditions ancestrales. Sita, jeune femme moderne et passionnée vient d’épouser Jatin. Seulement voilà, celui ci a une autre femme dans sa vie.
Trompée et humiliée Sita refuse le silence et bouscule le fragile équilibre familial. Sa révolte déteint sur Rahda mariée depuis 15 ans à Ashok, frère aîné de Jatin, un homme qui fuit le désir et le plaisir. Progressivement, les deux femmes vont se rapprocher.
Firebaigné dans une magnifique lumière est un film surprenant à plus d’un titre. Sa réalisatrice parvient avec un regard chaleureux et une rare justesse à faire le portrait d’une jeune femme moderne, en quête d’absolu, dans un pays ou le poids des traditions est très vivace. Sita femme trompée, ne s’apitoie pas sur son sort mais ne veut pas subir la honte sans réagir. Au contraire de Rhada, stérile, qui se satisfait de son sort et préfère se taire. C’est Sita qui va la révéler à la sensualité et à l’amour. Le trouble naissant entre ces deux femmes est subtilement montré et entraîne le spectateur dans leur nouvelle complicité.
Fire, très beau film sur l’émancipation suggère formidablement le sentiment de désir. L’homosexualité y est montrée de façon légère, joyeuse et très sensuelle.
Au début, le désir de ces deux femmes peut être ressenti comme l’aboutissement d’une frustration, d’un renoncement. En fait il n’en est rien. La réalisatrice nous montre la fin d’une histoire et le début d’une autre et c’est toujours d’amour dont il s’agit.
Les hommes (machos devant l’éternel) persuadés de connaître ce qui convient le mieux à leur femme se trouvent totalement désemparés quand celles ci prennent leur destinée en main.
Deepa Mehta fait également preuve d’une belle liberté de ton avec de nombreuses scènes inattendues et surprenante comme celle ou l’on surprend Mundu le domestique de la maison en train de se donner bien du plaisir, en visionnant une cassette porno sous l’oeil réprobateur de la vieille Biji. Une scène à la fois fort drôle et terrible, car révélatrice d’une certaine hypocrisie et de la solitude de tous les personnages.
Pour terminer, sachez que la réalisation de Fire est particulièrement soignée. Si le montage (saccadé par moments) peut surprendre, la somptueuse musique ainsi que la beauté des images et de la lumière font de ce long métrage au propos universel une excellente surprise.