Selon Invader, l’hacktivisme est davantage perçu comme un acte de liberté que comme un acte terroriste. Qu’il soit virtuel ou réel. Pour preuve, l’artiste déambule tranquillement dans Paname et macule les murs de la capitale de ses Space Invaders. Entre culture jeux vidéo et graffitis, l’invasion urbaine ne fait que commencer. ALERT !
Paris victime des envahisseurs. Le début de l’invasion remonte à… « il y a bien longtemps, on a pu voir un spécimen à Lascaux » aime à dire celui qui cimente les murs de la capitale de ses Space Invaders. La référence au jeu de Midway -qui éditera PacMan par la suite- n’est pas fortuite : on découvre pour la première fois ces aliens, grossièrement pixelisés en 1978. Space Invaders est le premier jeu intergalactique sur borne d’arcade qui connaît un succès populaire significatif, avant d’investir méchamment les premières consoles. Un succès dû en grande partie au principe du « Hall of fame » -ou « Hi-score »- : les joueurs s’acharnaient alors entre eux pour accumuler le plus de points possibles et entrer coûte que coûte leur nom dans la machine. Tout un symbole qu’Invader ou @nonymous, de ses pseudos, puisque l’artiste-activiste joue de l’anonymat, reprend à son compte pour « envahir la terre, dans un premier temps » affirme-t-il. Notre homme est constamment en repérage : « J’aime jouer avec l’architecture, ça demande une éducation du regard. Ceci dit, je ne privilégie aucune sorte d’emplacement ». Des grands axes parisiens les plus fréquentés aux ruelles les plus paumées de la capitale. Jamais de prise en flagrant délit ? « Bien sûr, ça fait parti du jeu, mais je pense être privilégié par rapport aux taggers… ».
Au-delà d’une tentative de réappropriation de l’espace urbain, le message tourne court, soit « démontrer que l’on peut s’amuser avec un peu de ciment et quelques carreaux de mosaïques » indique-t-il. Rien d’autre ? « Les gens se demandent souvent ce que représentent ces Space Invaders qui apparaissent sous leur balcon ou sur leur trajet. Il se passe un truc car c’est nouveau, gratuit et non identifié… Il n’y a pas de règle du jeu et pourtant, le jeu devient réalité. » Invader ne se revendique d’aucun mouvement, d’aucune théorie activiste en particulier. Un hacker tout au plus, si ce n’est que lui agit dans le réel : « Je ne vois aucune différence entre la rue et l’Internet. Pour ma part, ils se renvoient l’un à l’autre puisque j’ai toujours en poche un tampon qui représente un Space Invader en- dessous duquel est indiquée l’adresse de mon site. » Une façon d’avertir la planète tout entière, Paris n’étant a priori que la première victime des attaques aux pixels en céramique : « Il y a quelques Space Invaders déjà dispersés en France, à Londres et à Anvers. Mais l’invasion devrait se propager sur d’autres continents » prévient-il. « Je veux aussi qu’ils surgissent là où on ne l’attend pas, la ville, c’est devenu une routine, je veux parasiter d’autres niveaux… » A suivre.
En attendant, les voilà qui s’exposent en galerie à Paris*. « Tout peut être perçu comme art, mon action, cet entretien, la vie… » et ces aliens, puisque chaque modèle est unique et les techniques diffèrent selon la taille des Space Invaders, mais aussi selon la fréquentation du lieu et son accessibilité. Jamais de récidive, ni même de rafistolage : « Lorsque l’un d’eux est détruit, j’exécute un pochoir indiquant « 10 Points » sur place » (cf. photo). Game over.
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(« Une installation, avec la possibilité de parrainer des Space Invaders… »)
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