Le printemps des musiques du monde va bientôt prendre ses quartiers en France. A Marseille, du 26 au 28 mars prochain, se déroule la troisième édition de « MétisSons », un rendez-vous consacré aux musiques et aux cultures en diaspora.
Le festival a lancé l’an dernier une réflexion autour de la notion même qui fonde son existence. Le débat continue cette année encore, en se basant sur des interrogations telles que celles-ci : « les musiques métisses sont-elles de l’art (une création) ou de l’industrie (une opération de marketing) ? ». Le métissage n’est-il pas une forme d’acculturation ? La méfiance de certains envers ce terme équivoque n’est-il pas justifié ? Espace de rencontre et d’échanges, MétisSons ne se résume pas uniquement à la scène. Des expositions et des ateliers d’écoute sont organisés. On y verra les œuvres du sculpteur japonais Watanabe. Il vit dans le sud de la France depuis cinq ans. Des photographies signées Catherine et Bernard Desjeux proposent « un chassé-croisé » épatant intitulé Noirs et Blancs. Une autre expo viendra retracer l’histoire des migrations et des communautés installées en France au travers de textes et d’images. Un atelier s’ouvrira sur le flamenco en compagnie du guitariste Gregorio Ibor Sanchez, un autre atelier animé par le journaliste Nago Seck se penchera sur les grands courants des musiques urbaines en Afrique, un autre encore sur le travail des voix polyphoniques sous la direction de Brigitte Cirla.
Quant à la programmation musicale, elle reste aussi fidèle à un certain esprit d’éclectisme. Nous aurons les Pêcheurs de Perles. Une formation qui vit dans la Drôme et qui tire son inspiration de deux univers : le bassin méditerranéen (Grèce, Albanie) et le golfe persique (Iran, Irak). Suivront El-Sikameya et Ze Putaing de Sound of Marseille. Le premier est né à Oran (en Algérie), vit à Marseille et se revendique de l’école arabo-andalouse. Les seconds incarnent un théâtre expérimental entre un collectif de DJs et des musiciens, réunis autour de Squaaly, Yves Tribord et DJ Rebel. Le chant de la cité phocéenne revisité dans toute sa diversité. Il s’agit là du premier soir. Le samedi soir convie le congolais de Bruxelles, Coco Malabar, et le ghanéen de Paris, Osei Tutu, à venir installer l’Afrique noire et son blues urbain sur la scène de la Friche Belle de Mai. Le troisième soir enfin rendra hommage aux Caraïbes et à l’Amérique latine. Le Brésil sera présent avec Sergio Otanazera, qui vit aujourd’hui entre deux continents. Un pur marseillais de Bahia. Et la fureur jamaïcaine ponctuera la fin du festival avec K2R Riddim ou quand le ska, le reggae et le ragga prennent racine à Cergy-Pontoise en banlieue parisienne. Le festival aime à donner une chance à des artistes venus d’autres cultures mais qui vivent et travaillent en France ou en Europe. On peut penser avec ce programme qu’il remplit sa mission. Mais nous y reviendrons.
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