Jamais un jeu n’aura déchaîné autant de passions, d’attentes, de frustrations et de découverts bancaires qu’Ultima Online. Prévu depuis plus d’un an en France, il est existe bel et bien enfin sur le réseau depuis le 23 septembre 1997. Destiné à un public mondial, forcément, disons que pour l’instant, il est, dans les faits, plutôt réservé à une élite américaine : les connections sont plutôt lentes sur les différents serveurs existants. Les passionnés français, pourtant, n’auront pas hésité longtemps avant de franchir le pas, et pour 10 dollars par mois, ils jouent sur Ultima et terrorisent les newbies. Se font pkiller a cause du lag et persévèrent en attendant les respawns… Houla, ça va un peu vite, là, non ?
Si vous ne connaissez pas la série des Ultima, vous avez du passer les dernières années loin, bien loin des ordinateurs et du monde du jeu vidéo et rater un certains nombres d’événements, comme Les visiteurs au cinéma, la mort de Lady Di ou la dernière compile des Worlds Appart. Pour combler ce manque évident de culture, remontons aux années 80, quand les jeux sur ordinateurs se cantonnaient aux aventures linéaires ou aux jeux de baston bourins (même pas en 3D avec lissage et bilinear filtering !). A l’époque un Génial inventeur, un peu travaillé du bulbe, crée un personnage, double virtuel de son ego, et lui conçoit un monde totalement hallucinant. J’ai nommé Richard Garriot, alias Lord British. Petit à petit, Ultima va devenir un monde cohérent, qui pourra subir, sans rougir, une mise a nue aux côtés des Terres du Milieu. Ultima ne se contente pas de reprendre la série pour de nouvelles aventures, il s’invente au fur et à mesure. L’Avatar, personnage clé, naît de ces changements et apporte à partir du troisième volet, une base, un pouvoir fondateur inhérent au jeu, le gimmick. Les Vertues. Au nombre de huit, (Sacrifice, Honnêteté, Justice, Compassion, Spiritualité, Honneur, Valeur, Humilité) elles définissent les penchants des habitants et les règles du monde ultimiens. Du héros principal également, vous, l’avatar.
Et alors me direz-vous ? Alors, Origin s’est lancé depuis plus d’un an dans sa plus formidable entreprise : adapter ce jeu au réseau et essayer, autant que possible, de proposer pour la première fois un véritable jeu de rôles sur ordinateur.
On se souviens de l’expérience assez douteuse de Diablo : jouer à quatre en même temps au sein d’un univers gothique. Mouais… Sauf que dans les faits, c’était nettement moins idyllique. En fait, on passait son temps à se faire descendre par des bidouilleurs, grosbillisants leurs personnages (comprenez, ils les rendent invincibles). Ou alors on cassait du monstre tranquillement pendant deux heures pour enfin, pour la énième fois, tuer le gros vilain pas beau de la fin…
Ultima Online, quant à lui, est à ce jour le MUD (Multiples Users Dungeons), le plus vraisemblable crée jusqu’alors. Gigantesque monde nécessitant au bas mot dix heures de temps réel pour le traverser, il regroupe chaque jour, et par serveur, au moins 3000 joueurs en même temps !
Vous y incarnez un personnage qui va véritablement changer la face du monde dans lequel il évolue, influençant sur la politique, l’économie, la faune même, par vos actions (tuer trop d’animaux fera baisser le prix des fourrures, et les dragons se déplaceront pour chercher une nouvelle source de nourriture, etc…)
Britannia comporte 16 villes et de nombreux donjons. La traversée du continent, peuplé de joueurs du monde entier, vous permettra même de croiser les concepteurs du jeu, qui ne se privent pas (Richard Garriot en tête), pour intervenir en personne. Ainsi, dernièrement, un match de catch était organisé entre Lord Blackthorn, ennemi de Lord British, et un joueur fan de Hulk Hogan !
Plus de 200 spectateurs étaient présents sur la plage de Trinsic. Evidemment, les pkillers et malotrus pré-puberts sont aussi hélas représentés sur Britania, mais il ne peuvent pas profiter impunément des bugs du jeu (encore assez nombreux aujourd’hui…). Les concepteurs punissent les fauteurs, sans trahir l’esprit du jeu de rôles : des éclairs, des bannissements, des mises a prix sur leur tête, etc….
Ultima Online est en constante évolution : les quêtes se multiplient, les bugs se corrigent, des serveurs voient le jour (à quand un serveur européen !). Les joueurs évoluent, prennent du grade et acquièrent petit à petit une réputation, Dernière nouveauté : la possibilité de tenir un commerce.
Bref, nous voilà dans un gigantesque centre d’attraction virtuel. Rien qu’en France, environ une quarantaine de guildes, regroupant de 30 à 200 joueurs chacune, existent ! (Les Templiers, L’Alliance des Seigneurs etc…).
N’en déplaise à Mireille Dumas, les doux-dingues fans de jeux de rôles, ont trouver un échappatoire aux crimes sataniques, et ne prient plus que le Dieu LAG pour qu’il soit bon avec eux.
Ultima Online réconcilie pour un temps les Jeux de rôlistes avec le monde aseptisé des ordinateurs. On ne compte déjà plus les demandes des passionnés sur les forums pour pouvoir retrouvé leur personnage nouvellement tué, mais les concepteurs ne flanchent pas, à l’inverse des nerfs des joueurs. Ultima est typiquement le genre de jeu qu’on jetterai bien par la fenêtre, mais bon, pas trop loin quand même…. Et vivement ce soir (et le câble bordel !!!) que j’y retourne.